Sommaire des Mots

Dans cette autobiographie, Jean-Paul Sartre évoque ses souvenirs d'enfance jusqu'à l'âge de onze ans; seules quelques pages, en fin d'ouvrage, sont consacrées à l'époque où, devenu écrivain, il publie La Nausée.

Dans la première partie de l'oeuvre, intitulée «Lire», ce sont d'abord les deux familles, maternelle et paternelle, dont Jean-Paul est issu, qui sont passées en revue. L'événement essentiel de ces premières années est la mort du père de l'enfant; avec sa mère, il va alors vivre chez ses grands-parents maternels: Charles et Louise Schweitzer.

Immédiatement, le grand-père s'impose comme un personnage essentiel, qui aura une influence considérable sur la formation du jeune Jean-Paul. Charles Schweitzer, d'origine alsacienne, est professeur d'allemand. C'est un homme très théâtral, et souvent despotique, mais il cultive l'art d'être grand-père et se prend d'affection pour son petit-fils. De son côté, Jean-Paul est un enfant calme et sage pour qui le monde est bien ordonné. Une chose trouble pourtant cet ordre: les Prussiens qui se sont emparés de l'Alsace-Lorraine.

Dans ce milieu d'intellectuels petits-bourgeois, l'enfant va accéder très tôt au monde des livres et de la culture. Il fréquente la bibliothèque de son grand-père, découvre les dictionnaires encyclopédiques où, pour lui, les fleurs et les animaux sont plus vrais que dans la réalité; il lit Corneille et Flaubert qu'il traite comme des familiers. Toutefois, Anne-Marie va s'arranger pour que Jean-Paul fasse aussi des lectures de son âge et elle lui achète Cri-Cri, la collection Hetzel, Jules Verne, Paul d'Ivoi... Ses premiers pas à l'école sont cependant désastreux et l'on choisit de lui donner des cours particuliers. L'important est que, à cette époque, l'enfant ne se sent exister que par rapport aux adultes: il les singe, joue la comédie, se déclare un «faux enfant» qui «n'a pas d'âme», et voudrait trouver un moyen pour justifier son existence.

A cinq ans, Jean-Paul nous raconte qu'il rencontra la mort; elle prenait divers visages. Comme il se sentait inutile, la mort l'attirait: «ce fut une authentique névrose». La croyance en Dieu aurait pu l'aider dans cette période difficile, mais diverses raisons, notamment la perte de la vraie foi au sein de la famille, ont empêché l'enfant d'avoir recours à la religion même si, extérieurement, il veut bien s'agenouiller et faire ses prières.

Par ailleurs, l'enfant prend obscurément conscience de sa laideur physique et lorsqu'il lui arrive d'avoir honte de lui en face des adultes, il se précipite devant le miroir pour faire des grimaces et se prendre lui-même en pitié. Il essaie cependant de compenser sa situation et de prouver la nécessité de son existence par le biais de l'imaginaire. Il se raconte ainsi des histoires qui pastichent ses lectures: il est alors le héros qui trouve sa raison d'être «dans un désordre perpétué» qui règne dans le monde. Le narrateur explique aussi que la «déculottée de 1870», à son époque, faisait de tous les enfants des vengeurs animés d'un esprit de revanche.

Le cinéma muet procure à l'enfant d'autres scénarios qu'il se plaît à dramatiser au son des pièces de musique que jouait sa mère au piano. Sa préoccupation reste toutefois de se découvrir un destin et à ce moment, vers 1912 ou 1913, il lit Michel Strogoff qui le marque profondément. Mais lorsque Jean-Paul se retrouve devant d'autres enfants au jardin du Luxembourg, il souffre de s'apercevoir qu'il ne les intéresse pas et qu'il est loin d'être le héros qu'il s'imaginait être.

Dans la seconde partie, intitulée «Ecrire», on voit que le grand-père sollicite l'envie d'écrire chez Jean-Paul. Mais ces moments d'écriture se présentent très vite comme une «impos­ture» et, en particulier, l'enfant n'a de cesse d'avoir recours au plagiat. Jean-Paul est aussi tenté par le fantastique et c'est le moment où une amie de la famille, Mme Picard, personnage au demeurant passablement ridicule, prédit que l'enfant écrira. Mais le grand-père craint que cette prédiction ne se réalise et préfère voir son petit-fils accéder à une carrière de professeur plutôt que de le savoir, comme Verlaine, poète bohème errant dans les rues. En réalité, Charles fait valoir qu'un professeur peut toujours se mêler d'écrire, et être un écrivain mineur, mais la réaction de Jean-Paul est loin d'être celle escomptée par le grand-père: «Bref, il me jeta dans la littérature par le soin qu'il mit à m'en détourner».

Dès lors, l'enfant cherche à nouveau une justification qui puisse légitimer sa mission d'écrire et il confond l'écrivain avec le héros ou le chevalier du Moyen Âge; sa plume doit devenir une épée. Puis il considérera que l'écrivain doit être, à l'instar du clerc médiéval, celui qui maintient dans le monde du mal la lueur de la culture, seul exercice capable de racheter tous les autres humains. Enfin, il se rend compte que son désir d'écrire se confond avec son refus de vivre et son aspiration à la mort: «Oui, plus que l'épopée, plus que le martyre, c'était la mort que je cherchais». Et par là il désire se métamorphoser en livres, en une œuvre, pour que la mort elle-même se métamorphose en gloire.

Le narrateur constate alors que c'est son rapport au temps qui était problématique et que pour lui l'avenir comptait bien plus que le présent; il croyait au destin de l'homme de lettres et il vivait sa vie «en commençant par la fin». Par ailleurs, deux événements sont plus particulièrement évoqués à la fin de cette autobiographie: d'abord la déclaration de guerre (août 14) qui eut diverses incidences sur la vie de l'enfant puis sa rentrée au «petit lycée Henri-IV» qui l'éloigné quelque peu de sa famille et le rapproche de certains camarades (Nizan...). Enfin, les réflexions du narrateur portent sur l'idéologie qui l'a conduit à devenir l'écrivain qu'il a été jusqu'à La Nausée et il annonce une suite aux Mots pour rendre compte de sa formation après l'enfance. Ce faisant, il souligne com­bien il a changé par rapport à cette époque où il considérait la littérature comme un absolu.

 

6.Lieu de l'action

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7.Milieu social: (artisans-ouvriers-bourgeois-oisifS) (compléter):________________________________________________________

 

 

8.Epoque:

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