Студопедия — LES MOTS ET L'AUTOBIOGRAPHIE
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LES MOTS ET L'AUTOBIOGRAPHIE






Le titre de l'autobiographie de Sartre, du point de vue phonique, pourrait donner à lire l'œuvre comme une suite de «maux»: ce jeu avec les mots soulignerait le rôle négatif que la famille a exercé sur la formation de l'écrivain et en particulier sur ce qu'il appelle sa névrose. Mais le projet de représenter «les maux» par le biais de l'écriture autobiographique met en lumière le rôle des mots eux-mêmes. Dans cette œuvre, Sartre propose une archéologie personnelle des mots et il met en scène les divers rôles qu'ils ont joués. Mots qui participent de la comédie: «J'ai des mots d'enfant, on les retient, on me les repète: j'apprends à en faire d'autres. J'ai des mots d'homme: je sais tenir sans y toucher, des propos " au-dessus de mon âge ";». Mais en même temps, ce sont des mots qui se révèlent comme des éléments fondateurs de sa culture et de sa vision du monde, dans la mesure où ils résistent, gardant par devers eux leur noyau poétique: «Ces mots durs et noirs, je n'en ai connu le sens que dix ou quinze ans plus tard et, même aujourd'hui, ils gardent leur opacité: c'est l'humus de ma mémoire». On comprendra alors qu'il existe aussi un arrière-monde des mots où certains d'entre eux vivent d'une autre vie: ils «grouillent» et ont «l'horrible simplicité des bêtes élémentaires».

D'un autre côté, le petit Jean-Paul est convaincu de l'antécédence et de la primauté des mots par rapport au mondeje tenais les mots pour la quintessence des choses»; c'est le Grand Larousse qui structure l'univers: «il y avait la région Ci-D, la région Pr-Z, avec leur faune et leur flore, leurs villes, leurs grands hommes et leurs batailles». On se trouve ainsi en face d'un nominalisme qui donne tout pouvoir aux mots en disqualifiant le réel, et c'est précisément de cette vision du monde que Sartre a eu du mal à se libérer et qui demandait en outre que l'auteur se considérât lui-même comme une somme de mots sous forme de livre, représentation qui aurait constitué sa véritable essence tandis que son moi contingent n'aurait finalement existé que pour s'effacer: «Moi: vingt-cinq tomes, dix-huit mille pages de texte, trois cents gravures dont le portrait de l'auteur».

 

2.Autre titre proposé:

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3.Quelques découvertes:

A. Signalez un sujet (passage,chapitre…)particulièrement bien traité (description, action, portrait,etc.) –Page(s): __________________________________________

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B. Recopiez une pensée, une réflexion, un dicton ou une tournure remarquable,etc.

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C. Sélection: Transcrivez un extrait court, mais de qualité, présentant une unité, et auquel vous donnerez un titre.

Page:_______ Titre______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

4.Intérêt:

A. Vous jugez ce livre: amusant, intéressant, instructif, émouvant, etc. (compléter):__________________________________________________.

B. Quelques idées de l'auteur perceptibles dans l'ouvrage:_____________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________

C. Donnez votre avis sur l'ouvrage, les thèmes, les thèses, les personnages, les sentiments suscités…

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D. Vous a-t-il amené à concevoir ou à revoir une opinion personnelle?

oui non

A quel propos?

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E. Le style- clair- obscur (compréhension)

ses caractéristiques

Le texte est rédigé à l'aide de notes prises, dès 1954 – Les mots dont ce texte est un extrait, sont sortis chez Gallimard/Blanche en 1964, sur sa propre enfance, le plus accessible et sans doute le plus réussi de tous les ouvrages non-philosophiques de Jean-Paul Sartre.

Notre texte à analyser est une oeuvre autobiographique au sens strict du terme dans la mesure où se trouvent clairement établie l'identité de l'auteur, du narrateur et du personnage principal. La présence du nom propre, qui sert ici de référence, est déterminante la présence du nom de la famille maternelle (Schweitzeir)et du nom de la famille paternelle (Sartre) lève donc toute ambiguïté (le fameux petit-fils du célèbre Charles Schweitzer; les Schweitzer sont grands et les Sartre petits, je tenais de mon père). A ces indices s'ajoutent encore le fait que le Je du narrateur apparaît dans les premières lignes du texte: Je menais deux vies…

L'auteur était alors célèbre — et controversé (= оспариваемый) — aussi bien à cause du mouvement philosophique qu'il avait patronné et qui avait connu une vogue exceptionnelle après la Libération: L'existentialisme, que par son théâtre, joué alors dans le monde entier, ou ses positions politiques de plus en plus «engagées». II se penche alors sur son enfance, et, avec une lucidité ironique, analyse cette altération (= фальсификация) de soi que les adultes infligentpar excès d'amour — à un enfant qui est la victime et souvent le complice de ces «truquages». Car, orphelin de père, élevé seul, entre un vieillard et deux femmes (son grand-père maternel, chez qui l'enfant qui avait 2 ans à la mort de son père, officier de marine, fut recueilli avec la jeune veuve. L'autre femme est sa tante.), La mort de Jean-Baptiste Sartre, son père, est l'événement déterminant de la formation de l'enfant. S'il est vrai que cette mort donne à Jean-Paul «la liberté», elle le jette dans la famille des Schweitzer; il se retrouve finalement prisonnier non plus du «lien de paternité», mais de la vision du monde du grand-père, lequel apparaît alors comme l'incarnation de l'idéologie bourgeoise: ses emportements, sa majesté, son orgueil et son goût du sublime couvraient une timidité d'esprit qui lui venait de sa religion, de son siècle et de l'Université, son milieu expliquent ses comportements. Par là s'explique aussi la dualité secrète de ce personnage (présenté généralement tout d'une pièce). L'autobiographie de Jean-Paul restitue précisément la parole à cette image fugitive du grand-père dont le regard de l'arrière-monde semble pouvoir renverser les valeurs et peser au plus juste les êtres et les choses. En tout cas la théâtralité coutumière de Charles, le système de convention en vigueur dans la famille imposé par lui, le rapport affectif qu'il entretient avec son petit-fils et surtout son rôle de médiateur par rapport aux livres et à la culture, font de lui une figure centrale qui pousse l'enfant à singer les adultes. Or, le moyen de paraître adulte chez les Schweitzer passe par la «Comédie de la culture»; la bibliothèque même apparaît à l'enfant comme «le ventre d'un vieillard". L'enfant y est considéré dans la famille comme un génie (une merveille). Jean-Paul est le centre incontesté de ce petit monde qui le choie, l'admire, s'extasie devant son don précoce d'écrivain, son imagination romanesque et son amour exclusif pour les livres et les «mots». Par ailleurs, son expérience cinématographique et le rôle qu'y tient la musique permettent à Jean-Paul, lorsque sa mère joue du piano chez lui, de se retrouver dans l'espace-temps de la fabulation. Jean-Paul s'aperçoit alors que ses exploits imaginaires vont se structurer en fonction de ce qu'il vit réellement; le monde rêvé se rapproche du réel comme le ferait une asymptote. Cette superposition du rêvé et du vécu n'induit toutefois pas un amalgame: si c'est la fiction qui «se confond» avec la vérité, il existe un regard objectif pour observer ce processus; et lorsque le Je intervient dans la phrase, le sémantisme de «ressembler» et le choix d'une comparaison montrent qu'il n'est pas dupe de la fusion des deux mondes: quelle que fût la profondeur de son rêve, jamais il ne fut en danger de s'y perdre.

Ainsi, le spectacle que Jean-Paul donnait jadis aux adultes s'est maintenant intériorisé;. Il boude le monde (seul, je m'enlisais dans une bouderie imaginaire)et, dans son espace intérieur, il est devenu à la fois acteur et spectateur. S'il se modèle sur les héros littéraires, c'est pour trouver une justification à son existence ou - ce qui revient au même - pour se construire un destin.

Pour Jean-Paul, le vrai monde est devenu celui de l'imaginaire, tandis que le monde réel n'est que le lieu d'un suspens, d'une absence d'être: Je corrigeais ma fausse gloire par un faux incognito … Son monde imaginaire est très fragile. Il est menacé: sa vérité risque fort de rester jusqu'au bout l'alternance de ses mensonges. C'est lui-même qui peu à peu ne supporte plus cette comédie, laquelle se combine sournoisement avec sa vision de l'absolu littéraire, et le plonge dans la névrose.

Or une telle vie en vase clos l'exclut des rapports couramment établis d'habitude avec les gamins de son âge. La réalité entame sa «bouderie imaginaire» et pour les autres enfants du Luxembourg, il n'existe toujours pas.

Le caractère du texte: narratif- descriptif.

Le texte autobiographique se présente comme une narration ultérieure où l'auteur-narrateur tente de se ressaisir, malgré le temps passé, des faits de sa lointaine enfance: par. le début de notre texte: Je menais deux vies, toutes deux mensongères; publiquement, j'étais un imposteur: le fameux petit-fils du célèbre Charles Schweitzer; seul, je m'enlisais dans une bouderie imaginaire. Je corrigeais ma fausse gloire par un faux incognito. Est-ce que le garçon de huit ans va s'exprimr de la sorte?…

Il est donc permis d'entendre au moins deux voix narratives: celle du narrateur adulte qui est le Je de l'énociation; et celle du personnage-enfant, qui est le Je de l'énoncé;. Mais la distinction de ces voix narratives est souvent bien délicate.

La problématique du texte:

idée générale: Les passages au jardin public devenaient un vrai supplice, car, déchu des rôles de héros, qu'il s'attribuait lui-même dans ses créations et que ses parents confirmaient par leur admiration inconditionnelle, le petit garçon se voyait ignorer des groupes enfantins et son orgueil lui interdisait de les solliciter.

1er thème: refuge dans "l'imaginaire" pour échapper à ses échecs de relations avec "les autres". L'auteur révèle ainsi le caractère d'un enfant — lui-même —sensible, timide, inquiet de soi, assoiffé du désir d'entrer en contact avec autrui.

2 me thème: souvenir que l'écrivain déjà vieilli revit devient pour l'adulte élément d'étude et de réflexion détachées froidement.

La tonalité du texte: il est conté avec un certain humour, avec une tristesse attendrie.

Le lieu: l'action se passe à Paris, dans la maison du grand-père et dans le jardin du Luxembourg.

Les repères spatiaux sont: Luxembourg; le perchoir; les prépositions dans: dans la serrure, dans les bras, dans la bibliothèque; devant: devant ces héros; sur: sur les terrasses du Luxembourg, sur une civière, sur des fauteils de fer, sur les touches; de…à…:de l'un à l'autre, de…en…: de groupe en groupe;, d'arbre en arbre,

Le texte à analyser a pour cadre temporel l'enfance de l'écrivain où il avait 8 ans (1913).

Les indices temporels sont: 8 ans; au crépuscule; à l'instant où…;les adverbes jamais, toujours;; jusqu'au bout ( = навсегда ).

La focalisation interne:le texte fait patie d'une atobiographie.

L'organisation thémathique: 1) deux vies, deux vérités; 2) les passages au jardin publique.

cohésion: Les champs lexicaux:

a) de l'enfance:

le petit-fils; le grand-père;la mère;se jeter dans les bras du grand-père; le rêve; des enfants; jouer; un chef de bande; les pairs; grand; petit; tenir de son père; aimer; à huit ans; inviter à jouer; une maman,…

b) du théâtre:

publiquement; un imposteur; fameux; célèbre; faux; imaginaire; la gloire;

passer de l'un à l'autre rôle;les touches (du piano); une vérité; les mensonges; mensonger; jouer; les hros; Pardaillan; faire le prisonnier; faire un lessé, un mort; un rôle muet; l'enthousiasme; cacher (son indignation); feindre; une imposture;

c)le réseau lexical du livre: les hauts lieux; l'esprit; le savoir universel; une intelligence prodigieuse; Pardaillan;la bibliothèque;les héros; découvrir; intéresser;un format réduit; le perchoir;

d)les champs lexicaux de 5 sens:

la vue: les mains de ma mère, soudain paraysées, simmobilisaient sur touches; sans me voir; je les rgrdais: comme ils étaient beaux! comme ils étaient forts et rapides! ma mère cachait mal …; cette grande et belle femme; elle n'y voyait que…; voyant que…; au crépuscule…

l'ouïe:la clé tournait dans la serrure…

le toucher: ils me frôlaient; je m'accotais à l'arbre; elle prenait ma main; je retrouvais mon perchoir…

e)le réseau lexical du déplacement:

le mouvement:

passer, corriger, tourner, reposer, avancer, apporter, jouer, s'approcher, s'accoter, désigner, retrouver; s'enliser, pousser; se jeter; faire un blessé, faire un mort; donner; rencontrer; cacher; perdre; abandonner; sauver; secouer; solliciter; tricoter; prendre; repartir; aller; changer;

l' immobilité;: être, être en danger; n'avoir aucune peine à f.; il y avait; s'immobiliser; forme passive: être menacé; m'eût comblé; être sauvé; attendre; intéresser; n'en revenir de…; n'y voir rien que de naturel; tenir de…; aimer que…;voyant que…; mettre son orgueil à…;

le procédé principal d'organisation: l'opposition: situation de l'enfant à la maison (une merveille) et auprès de ses pairs (ni merveille ni méduse, un gringalet qui n'intéressait personne), le paraître et la réalité, la comédie familiale et la vision de l'absolu littéraire, le vrai monde et l'imaginaire(publiquement, j'étais un imposteur: le fameux petit-fils du célèbre Charles Schweitzer; seul, je m'enlisais dans une bouderie imaginaire.), acteur et spectateur (Quelle que fût la profondeur de mon rêve, jamais je ne fus en danger de m'y perdre.),etc.

Les Mots se présentent comme un texte autobiographique dont les jeux intertextuels sont particulièrement nombreux. Or «dans Les Mots c'est toute la bibliothèque de la littérature contemporaine et classique qui est mise en jeu et en cause». Depuis Hugo, Chateaubriand, Jules Verne... jusqu'aux phrases (ou membres de phrases) introduites sans guillemets qui restent ainsi camouflées, le lecteur des Mots se trouve devant un ensemble de références plus ou moins identifiable qui, finalement, subvertit l'unicité de la voix sartrienne et confère au texte sa polyphonie. De ce point de vue se justifie aussi le titre des Mots qui renvoie à ces termes utilisés par bien d'autres auteurs et que Sartre reprend à son tour. Mais s'il utilise les mots des autres, Sartre inaugure ici une littérature qui se moque de la littérature et qui s'inscrit dans une perspective de rupture par rapport à la culture bourgeoise. D'où l'importance de faire entendre la voix paradoxale de l'enfant qui parle de façon authentique tout en singeant les adultes et les grands auteurs.

On pourra également retrouver des éléments qui concernent l'oeuvre même de Sartre: la fin des Mots propose plusieurs références aux Mouches, à La Nausée, et à d'autres œuvres. Le Sartre des Mots parvient à nous donner une image de l'écrivain qui a dépassé l'ordre bourgeois vain et négatif dont il était le reflet et dans lequel il évoluait. Mais il est clair que c'est en ayant réalisé les fantasmes de sa petite enfance, en étant devenu un écrivain reconnu que Sartre a pu trouver la voie (et la voix) pour écrire cette autobiographie: Sartre peut récuser (= не признавать), comme il le fait, le vedettariat (= положение знаменитости) que la société bourgeoise lui a conféré; mais c'est à partir de cette situation qu'il peut dominer et par conséquent contester, de manière convaincante, sa vocation littéraire.

Plusieurs procédés rhétoriques suscitent l'ironie. Sartre narrateur joue de façon constante sur les catégories opposées:sur le concret et l'abstrait,sur le sens figuré et le sens propre. Souvent la modalité négative favorise un effacement de frontière entre l'ordre matériel et spirituel.

Un autre type d'opposition, entre le réel et l'imaginaire.

En outre les lectures d'adulte qui cultivait Sartre à la longue même s'il les lisait il restait enfant, Jean-Paul découvre les vraies lectures de l'enfance où les bons héros sont toujours récompensés; et d'où il tire sa fantasmagorie la plus intime, l 'optimisme. On voit par exemple comment l'enfant, qui se prend chez lui pour un héros, Pardaillan, par ex.(héros d'une série de romans de cape et d'épée de Michel Zévaco) il se trouve des qualités exceptionnelles: … mon intelligence prodigieuse; …mon savoir universel; …ma musculature athlétique; …mon adresse spadassine …(Un spadassin – de l'italien "spada", épée- désigne originellement un homme habile à l'épée, un professionnel de l'épée qui vend volontiers ses services. Pris adjectivement le mot signifie: propre à un spadassin ou digne d'un spadassin.) Le narrateur est en train de pousser sa … botte secrète( Botte f. Escr. Coup porté à un adversaire avec l'épée. Botte secrète = хитрость, уловка, неожиданный ход; pousser une botte: faire une attaque vive et imprévue, poser une question embarrassante.) Il se venge de ses déconvenues par… le massacre de cent reîtres. (Reître: (de l'allemand «reiter», cavalier) soldat brutal, soudard. Ici: symbole des ennenis et des offenses dans l'imagination de l'enfant).

Mais Jean-Paul doit subir l'indifférence des autres enfants au jardin du Luxembourg; selon un processus de renversement, c'est lui qui les prend alors pour des héros (ces héros de chair et d'os; comme ils étaient forts et rapides; comme ils étaient beaux; je les regardais avec les yeux de pauvre) tandis que lui-même semble s'absenter du monde des hommes et tendre vers le végétal immobile: «ils me frôlaient sans me voir... Devant ces héros de chair et d'os, je perdais mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlétique, mon adresse spadassine, je m'accotais à un arbre, j'attendais».

Enfin, l'opposition entre le langage religieux et le langage profane, comme procédé ironique, a souvent été relevée. (Dans notre texte: les hauts leux où soufflait l'esprit Comparons: Bible: souffle de Dieu). Le brusque changement de registre permet en effet de neutraliser toute la pompe du langage sacré: «Au crépuscule je retrouvais mon perchoir». Le perchoir c'est l'endroit où viennent se percher les oiseaux domestiques, les volailles, pour les poules, par ex. il est arrangé au-dessus de la terre, mais pas trop haut; dans le langage familier Siège élevé;. Dans ce texte il s'agit de l'escabeau qui permettait l'accès aux rayons supérieurs de la bibliothèque, lieu de prédilection de Sartre enfant.

L'emploi du perchoir peut être compris comme passage à ce pouvoir magique de la transfiguration (= преображение, преобразование) qui tire le bas vers le haut dans le sens baudlairien: transformation de la boue en or qui en même temps est doublé du renversement de valeurs: le perchoir – les poules –à une certaine hauteur; mais la poule ne sait pas voler. Ici, outre le changement de registre («perchoir»), on rencontre un jeu ironique qui porte sur le caractère banal de l'état mystique. Dans le même sens, on relèvera un langage inspiré de la tradition littéraire de type classique qui se trouve subverti (= разрушен, подорван) par un recours sournois au registre familier.

En revanche, la recherche métaphysique du petit Jean-Paul se ménage des moments de répit (= передышка) où la convocation d'attitudes opposées aboutit non plus à des écarts mais à une neutralisation des contraires qui rend viable (= жизнеспособный) son existence:

A côté d'un style ironique qui se veut le plus souvent moqueur ou teinté d'humour, il est important de dégager une esthétique ironique * fondée sur le déplacement ou sur le renversement des valeurs propres au sens commun.

De ce point de vue, on observera que le statut même du narrateur-personnage est l'objet d'une permutation (= перемещение ):l'enfant qui singe l'adulte trouve son pendant dans la figure du narrateur adulte qui ne cherche pas à cacher l'enfant qui persiste en lui. La voix narrative mêle ainsi le Je de l'énonciation et le Je de l'énoncé (= высказывание), et de leur superposition (= напластование, наложение) naît l'humour du texte.

La chronologie temporelle qui limite l'autobiographie aux premières années tend, elle aussi, à renverser le primat de la finalité;. En écrivant Les Mots l'auteur-narrateur regarde sa vie de façon rétrospective et explique son existence de façon régressive, en renversant son optique; le temps qu'il avait mis «cul par-dessus tête», ne retrouve pas pour autant un déroulement plénier (= полный), mais l'heure est aux prises de conscience. C'est reconnaître à nouveau que dans cette enfance se sont constitués des mythes que l'adulte a dépassés d'un point de vue intellectuel mais que ces mythes n'en agissent pas moins encore sur lui.

Enfin, ultime renversement ironique qui porte non plus sur le statut du personnage-narrateur ou sur la temporalité (= лингв. темпоральность, значение времен) mais sur l'esthétique autobiographique: l'ironie moqueuse et le sarcasme dirigés contre la bourgeoisie, contre la famille et contre les comédies diverses jouées par l'enfant, loin de créer un effet de distanciation, installent un puissant rapport de connivence (= соучастие, сговор) avec le lecteur. Finalement, le thème de l'enfance, que Sartre avait écarté depuis le début dans son œuvre, lui a permis dans ce texte des Mots de concevoir une autobiographie authentique qui se présente comme une autobiographie parodique où le protagoniste est en représentation permanente. L'esthétique ironique réside ici dans le fait que l'authenticité de l'oeuvre et du plaisir qu'elle procure est lié à l'inauthenticité même et à la mauvaise conscience des personnages qu'elle met en scène.

Dans son texte Sartre emploie 47 fois l'Imparfait de l'Indicatif:

je menais…,j'étais un imposteur…, je m'enlisais…, je corrigeais…, je n'avais aucune peine…, la clé tournait, les mains s'immobilisaient…, je reposais…, j'avançais…, j'apportais…, j'interrogeais…, j'étais menacé…, ma vérité risquait…, il y avait…, des enfants jouaient…, je m'approchais…, ils me frôlaient…, je les regardaient…, ils étaient forts, ils étaient beaux, je perdais…, je m'accotais…, j'attendais…, leur indifférence me condamnait, je n'en revenais pas, un gringalet qui n'intéressait personne, ma mère me cachait…, cette femme s'arrangeait, elle n'y voyait rien, je tenais…, elle aimait…, nul ne m'invitait, elle poussait…, je risquais…, elle feignait…, je secouais…, je mettais…, elle désignait…, des dames qui tricotaient, je la suppliais…, elle prenait…, nous repartions…, nous allions…, je retrouvais, l'esprit soufflait…, je me vengeais…, ça ne tournait pas rond…

L'imparfait se trouve être le temps de référence de ce récit d'enfance. Si on le considère du point de vue de l'aspect, l'imparfait relève de l'imperfectif et il insiste ainsi sur la vision du temps dans son déroulement, vision qui ne peut être référée qu'à un sujet qui perçoit ce processus de l'intérieur. Dans l'esthétique autobiographique l'imparfait possède donc une valeur rhétorique capable de créer une connivence entre narrateur et lecteur puisqu'il ouvre à cet espace intérieur. D'une part, l'imparfait s'oppose au passé simple (5 cas de l'emploi du Passé simple: je fus sauvé; il me jeta; qui changea; l'occasion ne m'en fut donnée; jamais je ne fus en danger de m'y perdre;) et d'autre part, l'imparfait, plus marqué par sa valeur aspectuelle que temporelle, se révèle une forme mixte qui sert de présent-passé et qui facilite la cohabitation du Je de l'énonciation et du Je de l'énoncé. De là l'impression que l'on se trouve devant un temps immobile qui est celui de l'enfance; mais cette temporalité profonde se trouve doublée par un ordre temporel superficiel, induit par les références chronologiques fort nombreuses et souvent assez précises. On retrouve cette dualité temporelle à un autre niveau, qui est celui de la progression dramatique et de la simultanéité. D'un côté en effet, on peut être sensible à la structure dramatique de l'œuvre qui permet de «déployer dans un temps limité, avec le maximum de netteté, toutes les étapes d'un projet. D'où la netteté, mais aussi la dureté des contours: ni lointains, ni flous». Dans cette perspective on peut dire que la logique de la progression dramatique repose sur la quête de l'enfant qui tente de trouver une justification à son existence et qui va de piège en piège, de contradiction en contradiction pour chaque fois être sauvé (et mystifié un peu plus) par son grand-père: «Je fus sauvé par mon grand-père: il me jeta sans le vouloir dans une imposture nouvelle qui changea ma vie». Finalement, c'est la littérature qui apparaîtra comme la seule possibilité de justifier l'existence mais l'ironie du texte des Mots réside dans le fait qu'il renverse totalement cette perspective, en soulignant la mystification que constitue une telle vision de la littérature qui ne s'engage pas dans le monde à travers une lutte concrète de type révolutionnaire.

D'un autre côté, l'œuvre parodie la vie racontée du grand homme dans laquelle le lecteur peut pénétrer par n'importe quel endroit. Ce jeu entre le développement chronologique et l'irruption du simultané confère à l'autobiographie sartrienne sa densité, son épaisseur et sa concentration.

 

2 cas de l'emploi du Passé immédiat dans le passé:

j'allais passer…, j'allais me jeter;

5 cas de l'emploi du Présent:

s'ils veulent jouer…;veux-tu…; les Schwaitzer sont grands; ce que je ne suis pas du tout; qu'est-ce que tu attends;

1 cas de l'emploi du Futur: c'est toi qui feras…

 

1 cas de l'emploi du plus-que-parfait: j'avais rencontré;

4 cas de l'emploi du Subjonctif:

quelle que fût la profondeur de mon rêve; que je fusse resté portatif; que je parle;

2 cas de l'Impératif: demande-leur; avance;

3 cas de l'emploi du Conditionnel passé:

j'aurais abandonné; j'aurais accepté; un rôle muet m'eût comblé (2me forme);

L'emploi spécifique de la ponctuation et, cela signifie, de la phrase par Sartre crée un rythme tout spécial, caractéristique pour lui.

Ainsi dans nore texte à analyser Sartre emploie le point 20 fois, pause longue de la voix ce qui veut dire le changement de phrase et leur séparation; 5 fois il emploie le point-virgule, pause courte avec chute de la voix, ce qui ne termine pas la phrase mais indique que ce qui suit ne peut pas être subordonné à ce qui précède.

Sartre emploie 36 fois la virgule, pause courte sans chute de la voix, ce qui permet la juxtaposition de membres (1) mots, 2) groupes de mots, 3) proposition) ayant la même fonction dans la phrase: j'avais rencontré mes vrais juges, mes contemporains, mes pairs…

Devant ces héros de chair et d'os, je perdais mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlétique, mon adresse spadassine…

Chez Sartre la virgule peut aussi, pour mieux les distinguer, se trouver entre deux propositions subordonnées lune à l'autre.

Elle permet d'encadrer des apostrophes: " Qu'est-ce que tu attends, gros benêt?";

«Avance, Pardaillan, c'est toi qui feras le prisonnier»

Chez Sartre la virgule peut aussi mettre en relief une expression avec emphase ou ironie: " Devant ces héros de chair et d'os, je perdais mon intelligence prodigieuse, mon savoir universel, ma musculature athlétique, mon adresse spadassine… "

Pour indiquer l'intonation Sartre recourt aussi:

a) 2 fois au point d'exclamation, il veut exprimer l'émerveillement de Jean-Paul par les enfants jouant dans le jardin du Luxembourg: "… comme ils étaient forts! comme ils étaient beaux!";

b) 2 fois au point d'interrogation pour rendre divers points de vue de sa mère: 1)" Qu'est-ce que tu attends, gros benêt?";

2) " Veux-tu que je parle à leurs mamans? "

Les 2 tirets exprime l'insertion dans la phrase, ils encadrent la réflexion de Jean-Pale, sa précision (…-ce que je ne suis pas tout à fait-…), qui reste en marge de l'énoncé, qui n'a pas de fonction syntaxique.

Sartre emploie deux points 16 fois:

- il introduit par deux points etencadre de guillemets un discours rapporté en style direct: il indique ainsi que ces propos ne lui appartiennent pas:

Sur un mot du chef de la bande, brutalement jeté: «Avance, Pardaillan (2) c'est toi qui feras le prisonnier», j'aurais abandonné mes privilèges.

Pour me sauver du désespoir elle feignait l'impatience: «Qu'est-ce que tu attends, gros benêt? Demande-leur s'ils veulent jouer avec toi

Elle désignait des dames qui tricotaient sur des fauteuils de fer: «Veux-tu que je parle à leurs mamans?»

Mais il se sert de deux points pour remplir un rôle particulier: exprimer une relation logique entre deux propositions.

Les deux points, dans ce cas, remplacent une conjonction de coordination.

Le contexte permet de savoir de quelle relation il s'agit:

la conséquence: les deux points remplacent un "donc".

Ex.: 1) Je n'avais aucune peine à passer de l'un à l'autre rôle: à l'instant où j'allais pousser ma botte secrète, la clé tournait dans la serrure, les mains de ma mère, soudain paralysées, s'immobilisaient sur les touches, je reposais la règle dans la bibliothèque et j'allais me jeter dans les bras de mon grand-père, j'avançais son fauteuil, je lui apportais ses chaussons fourrés et je l'interrogeais sur sa journée, en appelant ses élèves par leur nom.

2) Elle aimait que je fusse, à huit ans, resté portatif et d'un maniement aisé: mon format réduit passait à ses yeux pour un premier âge prolongé;

la cause:les deux points remplacent alors un "car".

Ex.: 1) Pourtant j'étais menacé: ma vérité risquait fort de rester jusqu'au bout l'alternance de mes mensonges.

2) …je les regardais avec des yeux de pauvre: comme ils étaient forts et rapides! comme ils étaient beaux!

3) L'occasion ne m'en fut pas donnée: j'avais rencontré mes vrais juges, mes contemporains, mes pairs, et leur indifférence me condamnait.

4) Ma mère cachait mal son indignation: cette grande et belle femme s'arrangeait fort bien de ma courte taille…

5) elle n'y voyait rien que de naturel: les Schweitzer sont grands et les Sartre petits, je tenais de mon père, voilà tout.

6) Je secouais la tête: j'aurais accepté les besognes les plus basses, je mettais mon orgueil à ne pas les solliciter.

7) Je fus sauvé par mon grand-père: il me jeta sans le vouloir dans une imposture nouvelle qui changea ma vie.

1) cohésion: J.-P. Sartre= je= un imposteur = le fameux petit-fils du célèbre Ch. Scweitzer = Pardaillan = toi = le prisonnier = un blessé = un mort = ni merveille ni méduse = un gringalet = le Scweitzer = le Sartre = un nain = gros benêt = tu = me …

2) cohésion: le grand-père = lui = le…

3) cohésion: des enfants = ils = (d')eux = les = ces héros de chair et d'os = mes vrais juges = mes contemporains = mes pairs = (par) eux = (demande-)leur = groupe…

4) cohésion: ma mère = cette grande et belle femme = elle = je = la …

5) cohésion: intelligence prodigieuse

savoir universel

musculature athlétique

adresse spadassine

cohésion: 6) petit = de courte taille = portatif = du format réduit = un nain

Vous pourrez, par exemple, dégager ce qu'il nous révèle de l'enfant, de l'adulte qui revit ses souvenirs, de l'écrivain qui les raconte.

cohésion: Les connecteurs: addition – et - 4 fois; opposition mais – 1 fois; explication deux points –18 fois; ou virgule?


Plan.

Première partie: Ce qui nous est révélé sur le caractère et le comportement de l'enfant.

Deuxième Partie: La tristese attendrie et l'analyse froidement détachée dont sait conjointement faire preuve l'adulte au cours de cette remontée dans ses souvenirs.

• Bien entendu, au cours du développement de ces 2 thèmes il sera fait toutes les remarques qui s'imposent sur le talent mis en œuvre par l'écrivain en racontant le passé.







Дата добавления: 2015-10-15; просмотров: 341. Нарушение авторских прав; Мы поможем в написании вашей работы!



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