Le bicentenaire de la révolution Française en 1989. Une chance historique pour la France de communiquer son image au monde entier. Comment, donc les Français ont-ils choisi de montrer cette image?
Jean-Paul Goude, homme du jour, homme d'image, publiciste, a été choisi. Mais même pour un virtuose de publicité, cet évènement demandait une certaine organisation.
Jean-Paul Goude J'ai opéré exactement comme je fais d'habitude, quand je fais mon travail publicitaire. Il s'agit avant tout pour moi de trouver une métaphore amusante pour vendre des idées pas forcément amusantes. L'évocation de la révolution n'est forcément pas très intéressante pour un grand public qui a envie de faire la fête le soir du 14 juillet.
Ce que j'avais envie c'était d'illustrer toutes les différences qui puissent exister, de montrer que malgré nos différences, uniquement culturelles, on pouvait tous s'entendre si on marchait sur le même rythme, c'est à dire au même pas. Donc, ce rythme, c'était un rythme africain, pour une fois, ça change un peu.
J'avais envie que les gens tapent du pied pendant la parade et que tous ces jeunes qui viennent comprennent le message, mais il s'agissait de leur faire passer le message d'une façon subtile.
Le thème, officiellement, c'était les droits de l'homme, et le sous-thème, c'était le rythme africain qui fait danser la planète entière.
Il a fallu que je trouve une métaphore pour chaque pays. Le thème des Anglais était très facile puisqu'il pleut toujours en Angleterre et que je fais du cinéma et que je fais la plupart du temps de la fausse eau pour évoquer la pluie dans un film, je me suis dis "on va faire ça sur les Champs-Elyées, donc on va faire défiler les Anglais sous la pluie", parce que, pour nous Français, il pleut toujours en Angleterre.
Ensuite, on a fait la même chose pour les Russes, parce que pour nous, Français, il neige toujours en Russie. Tout ça est complètement faux naturellement mais je me servais d'archétypes, de clichés.
Clichés, archétypes, peut-être, mais le cliché beau et spectaculaire.
Jean-Paul Goude: Je pense que c'est fermement ancré dans l'esprit de tous les Français, cette obsession pour le beau, le joli, l'artifice. L'apparence compte énormément.