Un pilote d'essai en mission
Pierre Baud, pilote d'essai en chef pour Airbus Industries à Toulouse. Depuis cinq ans, il est en charge de tester les différents appareils Airbus à tous les stades de développement.
Pierre Baud et son collègue britannique préparent une autre mission. A l'arrière, des ingénieurs vont noter les réactions de cet appareil adapté. Le but de ce vol: tester l'atterrissage cinq fois en pilote automatique. Il faut neuf ans d'études pour devenir pilote d'essai dans l'aviation civile. Mais quelles qualités faut-il avoir?
M. Baud: Un pilote d'essai, outre le fait d'être pilote, doit être donc ingénieur, d'avoir les capacités de comprendre ce qui se passe dans un avion, analyser les réactions de l'avion et surtout donner son analyse sous une forme intelligible aux ingénieurs qui vont justement avoir la charge d'apporter le remède aux défauts que l'on trouvera en vol.
Qualités de communication, d'analyse mais aussi de sang-froid.
M. Baud: Dire que c'est un métier dangereux, non. Mais c'est un métier ou l'on prend un peu plus de risques car ce que nous faisons, la plupart du temps, c'est découvrir un produit qui n'a pratiquement jamais volé et deuxièmement, on amène ce produit aux limites de ses possibilités.
Un bon pilote d'essai, je crois, est quelqu'un qui justement sait s'arrêter à temps, mais qui, naturellement va jusqu'au bout, avant que quelque chose aille très mal. Justement, le feeling c'est savoir jusqu'où on peut aller et s'arrèter à temps.
Après 13 000 heures de vol dans plus de 400 appareils différents, est-ce-que piloter pour Pierre Baud est toujours un plaisir?
M. Baud: Tout-à-fait, déjà de voler, est déjà un plaisir et le fait de voir que notre système marche très bien est un plaisir supplémentaire. Je suis desolé mais là il va falloir que je regarde, la piste qui approche. A tout à l'heure.
Atterrissage satisfaisant. Pour un deuxième test, l'appareil décolle aussitôt.
M. Baud: Lorsque j'étais gamin mon rêve était, d'être capitaine au long cours, c'est dire dans mon esprit, je voulais être marin. Et de fait je ne suis absolument pas doué pour la navigation sur mer. J'ai eu un bateau, j'ai failli l'écraser sur des récifs. Autrement dit, je n'ai pas fait le métier de rêve, de mon rêve de gamin, mais tout compte fait, je crois que j'ai fait le métier ou je peux m'exprimer le mieux en fonction de mes qualités propres.