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ActeII, se. V.






Примечания:

1. Кормилица и наперсница Федры. 2. Она собралась говорить с Ипполитом о сво-
ем сыне, которого родила от Тезея и за судьбу которого опасается, после того как
стало известно о смерти царя Тезея. 3. Ипполит готовится к отъезду в Афины, чтобы
занять трон, освободившийся после смерти его отца Тезея. 4 Изложить, представить.
5. Т.е. сторонники Ипполита. Они хотят видеть царем Ипполита, а не сына Федры,
который находится еще в младенческом возрасте. 6. Телесные субстанции, которые в
психологии XVII в. считались определяющими чувства. Букв чувства. 7. Федра, маче-
ха Ипполита, опасается неприязни пасынка, изгнания которого она недавно добилась.
8. Вы видели, что я упорно вам вредить стараюсь. 9. Подвергнуть себя вашей враж-
дебности. 10. En: de vous. 11. Этот стих является непосредственной цитатой из Эври-
пида. 12. Докучные, неотвязные. 13. Брак: Слово происходит от имени бога-
покровителя брака Гименея. 14. Такие же подозрения. 15. Взять в свидетели. 16 Тре-
вога, беспокойство. 17. Возвращение Тезея. о котором действительно будет объявлено
в следующей сцене. 18. Одна из рек, протекающих в Аиде, царстве мертвых. 19. Я
изнываю от любви к нему. 20. Предметов любви (на галантном языке XVII века —
возлюбленных). 21. По мифу, Тезей сошел в Аид, чтобы похитить Прозерпину, жену
Плутона, владыки царства мертвых. 22. Archaïque. Nous dirions aujourd'hui: après lui.
23. Старая орфография. 24. Осанку. 25. Тезей плавал на остров Крит, где убил Мино-
тавра. 26. Миноса, царя Крита, отца Ариадны и Федры. 27. Минотавра. 28. Лабиринта.
29. Чтобы не дать ему заблудиться 30. Ариадна. Она дала Тезею клубок ниток, разма-
тывая который, он отмечал свой путь в Лабиринте и смог выйти из него, 31. Нить, от
которой зависела жизнь героя. 32. En: снабдить вашу руку этой нитью.... 33. Tout de
suite. 34. Лицо, облик. 35. В классическом значении: та, что любит и любима *36. Чес-
ти, репутации. 37. Ты слишком ясно дал мне понять. 38. Намек на месть, которой Аф-
родита преследовала семейство Федры после того, как сын бога Солнца Гелиос, пре-
док героини трагедии, сообщил Гефесту, мужу Афродиты, что она изменяет ему с
богом войны Ареем. 39. Совратить с правильного пути. 40. Федра действительно по-
требовала от Тезея изгнать Ипполита (см, начало сцены). 41. Какую пользу принесли
мне... 42. Тезея. 43. Обиду, которую это сердце тебе нанесло. 44. Отказывает. 45. Или
же, если тебе недостаточно... 46. С этими словами Федра вырывает меч из руки Иппо-
лита.


Вопросы:

* Par quelles étapes successives Phèdre préfare-t-elle l'aveu de son arnoM?

** De quoi est faite la poésie de ce passage? On en étudiera plus particulièrement, lu
couleur mythologique.

*** Comment s'exprime la lucidité du personnage dans ce passage? Quel sentiment
l'emporte dans votre esprit:
l'horreur ou la pitié?

MARIVAUX (1688-1763)

tandis que Regnard et Lesage s'efforçaient d'imiter Molière, MARIVAUX, lui,
eut le mérite de chercher un chemin qui lui fût. propre. Il s'appliqua presque
uniquement à l'étude de l'amour, mais de l'amour naissant,avec ce que cette
éclosion suppose d'émois, de surprises, de complications. Autant qu'à Racine,
il fait penser à Corneille, parfois si subtil et quasi précieux. En fait, le
marivaudage,qui désigne à la fois un style quelque peu affecté et une façon
alambiquée de concevoir l'amour, apparaît bien comme une résurgence de la
préciosité
;.

Mais à côté de cette sorte d'alchimie, il y a place chez Marivaux pour
desscènes vives et gaies, écrites d'une plume exquise
.

LE JEU DE L'AMOUR ET DU HASARD (1730)

Silvia et Dorante sont destinés à s'épouser. Mais curieux de se mieux connaître, ils ont,
chacun de son côté, imaginé de se travestir, elle, en servante, lui, en valet Et ils sont fort
étonnés de découvrir, lui, que la servante est bien folie, et elle, que le valet ne manque ni
d'esprit ni de distinction
.

SILVIA (à part)*. — Ce garçon-ci n'est pas sot, et je ne plains pas la sou-
brette1 qui l'aura. Il va m'en conter; laissons-le dire pourvu qu'il m'instruise.

DORANTE (àpart). — Cette fille-ci m'étonne! Il n'y a point de femme au
monde à qui sa physionomie ne fît2 honneur: lions connaissance avec elle...
(Haut.) Puisque nous sommes dans le style amical, et que nous avons
abjuré les façons, dis-moi, Lisette, ta maîtresse te vaut-elle? Elle est bien
hardie d'oser avoir une femme de chambre comme toi.

SILVIA. — Bourguignon cette question-là m'annonce que, suivant la
coutume, tu arrives avec l'intention de me dire des douceurs: n'est-il pas
vrai?


DORANTE. — Ma foi, ]'e n'étais pas venu dans ce dessein-là, je te
l'avoue. Tout valet que je suis, je n'ai jamais eu de grandes liaisons avec les.
soubrettes: je n'aime pas l'esprit domestique; mais, à ton égard, c'est une
autre affaire. Comment donc! tu me soumets, je suis presque timide: ma
familiarité n'oserait s'apprivoiser avec toi; j'ai toujours envie d'ôter mon
chapeau de dessus ma tête; et, quand je te tutoie, il me semble que je jure4,
enfin, j'ai un penchant à te traiter avec des respects qui te feraient rire.
Quelle espèce de suivante es-tu donc, avec ton air de princesse?

SILVIA. — Tiens, tout ce que tu dis avoir senti en me voyant est
précisément l'histoire de tous les valets qui m'ont vue.

DORANTE. — Ma foi, je ne serais pas surpris quand ce serait aussi
l'histoire de tous les maîtres.

SILVIA. — Le trait est joli assurément; mais je te le répète encore. Je ne
suis pas faite aux cajoleries de ceux dont la garde-robe ressemble à la
tienne.

DORANTE. — C'est-à-dire que ma parure ne te plaît pas.
silvia. — Non, Bourguignon, laissons là l'amour et soyons bons amis.
DORANTE. — Rien que cela? ton petit traité n'est composé que de deux
clauses impossibles.

SILVIA (à part). — Quel homme, pour un valet! (Haut.) Il faut pourtant
qu'il s'exécute; on m'a prédit que je n'épouserais jamais qu'un homme de
condition6, et j'ai juré depuis de n'en écouter jamais d'autre.

DORANTE. — Parbleu! cela est plaisant: ce que tu as juré pour homme,
je l'ai juré pour femme, moi, j'ai fait le serment de n'aimer sérieusement
qu'une fille de condition.

silvia. — Ne fécarte donc pas de ton projet.

DORANTE. — Je ne m'en écarte peut-être pas tant que nous le croyons:
tu as l'air bien distingué; et l'on est quelquefois fille de condition sans le
savoir.

SILVIA (riant). — Ah! Ah! Ah! Je te remercierais de ton éloge si ma
mère n'en faisait pas les frais.

DORANTE. — Eh bien! venge-t'en sur la mienne, si tu me trouves assez
bonne mine pour cela.


SILVIA (à fart). — II le mériterait. (Haut.) Mais ce n'est pas là de quoi il
est question: trêve de badinage; c'est un homme de condition qui m'est
prédit pour époux, et je n'en rabattrai rien.

DORANTE. — Parbleu! si j'étais tel, la prédiction me menacerait; j'aurais
peur de la vérifier. Je n'ai pas de foi à l'astrologie; mais j'en ai beaucoup
à ton visage.

SILVIA (à fart). — II ne tarit point... (Haut.) Finiras-tu? Que t'importe la
prédiction, puisqu'elle t'exclut?

DORANTE. — Elle n'a pas prédit que je ne t'aimerais point.

SILVIA. — Non: mais elle a dit que tu ne gagnerais rien; et moi, je te le
confirme.

DORANTE. — Tu fais fort bien, Lisette; cette fierté-là te va à merveille;
et, quoiqu'elle me fasse mon procès, je suis pourtant bien aise de te la voir;
je te l'ai souhaitée d'abord que7 je t'ai vue: il te fallait encore cette grâce-là;
et je me console d'y perdre parce que tu y gagnes.

SILVIA (à fart). — Mais, en vérité, voilà un garçon qui me surprend,
malgré que j'en aie8 (Haut.) Dis-moi: qui es-tu, toi qui me parles ainsi?

DORANTE. — Le fils d'honnêtes gens qui n'étaient pas riches.

SILVIA. — Va, je te souhaite de bon cœur une meilleure situation que la
tienne, et je voudrais pouvoir y contribuer: la fortune a tort avec toi.

DORANTE. — Ma foi! l'amour a plus de tort qu'elle: j'aimerais mieux
qu'il me fût permis de te demander ton cœur que d'avoir tous les biens du
monde.

silvia (à part). — Nous voilà, grâce au Ciel, en conversation réglée9.
(Haut.) Bourguignon, je ne saurais me fâcher des discours que tu me tiens;
mais, je t'en prie, changeons d'entretien; venons à ton maître. Tu peux te
passer de me parier d'amour, je pense.

DORANTE. — Tu pourrais bien te passer de m'en faire sentir, toi.

SILVIA. — Ah! je me fâcherai; tu m'impatientes. Encore une fois, laisse
là ton amour.

DORANTE. — Quitte dont ta figure.

SILVIA (à part). — A la fin, je crois qu'il m'amuse... (Haut.) Eh bieh!


Sour-guignon, tu ne veux donc pas finir? Faudra-t-il que je te quitte?
(A part.) Je devrais déjà l'avoir fait.

DORANTE. — Attends, Lisette; je voulais moi-même te parler d'autre
chose; mais je ne sais plus ce que c'est...

SILVIA. — J'avais de mon côté quelque chose à te dire, mais tu m'as fait
perdre mes idées aussi, à moi.

DORANTE. — Je me rappelle de10 t'avoir demandé si ta maîtresse te
valait.

SILVIA.— Tu reviens à ton chemin par un détour: adieu.

DORANTE. — Eh! non, te dis-je, Lisette; il ne s'agit que de mon maître.

SILVIA. — Eh bien! soit: je voulais te parler de lui aussi, et j'espère que
tu voudras bien me dire confidemment ce qu'il est. Ton attachement pour
lui m'en donne bonne opinion: il faut qu'il ait du mérite, puisque tu le sers.

DORANTE. — Tu me permettras peut-être bien de te remercier de ce que
tu me dis là, par exemple?

silvia. —Veux-tu bien ne prendre pas garde à l'imprudence que j'ai eue
de le dire?

DORANTE. — Voilà encore de ces réponses qui m'emportent". Fais
comme tu voudras, je n'y résiste point; et je suis bien malheureux de me
trouver arrêté par tout ce qu'il y a de plus aimable au monde.

SILVIA. — Et moi, je voudrais bien savoir comment il se lait que j'ai la
bonté de fécouter; car assurément cela est singulier.

DORANTE. — Tu as raison; notre aventure est unique.

SILVIA (a part). — Malgré tout ce qu'il m'a dit, je ne suis point partie, je
ne pars point, me voilà encore, et je réponds! En vérité cela passe la
raillerie12. (Haut.) Adieu.

DORANTE. — Achevons ce que nous voulions dire.

SILVIA. — Adieu, te dis-je; plus de quartier11. Quand ton maître sera
venu, je tâcherai, en faveur de ma maîtresse, de le connaître par moi-même,
s'il en vaut la peine*.

Acte I, se. VII.
363


Примечания:

1. Субретка — служанка, горничная. 2. Ne pourrait faire honneur (valeur
conditionnelle du subjonctif imparfait.)- 3. Фамилию, под которой укрылся Дорант
4. Будто я тебя оскорбляю. 5. Из двух условий. 6. Благородного происхождения.
7. Dès que. 8. Вопреки мне (si mauvais gré que j'en aie). 9. Разговор, приличествующий
людям одного круга. 10. Tour incorrect, se rappeler se construisant sans préposition
11. От которых я теряю хладнокровие. 12. Переходит границы шутки. 13. Букв, ника-
кой пощады, прощения не будет.

Вопросы:

* On étudiera à quelle nuance psychologique correspond chacun des apartés de la
scène
.

** D'après cet extrait du Jeu de l'Amour et du Hasard, on essaiera de définir ces détours
amoureux qu'on appelle marivaudage. — On marquera aussi les rapports qui peuvent
exister entre la
poésie et une certaine forme d'esprit.

BEAUMARCHAIS (1732-1799)

MOINS homme de lettres qu'homme d'affaires, BEAUMARCHAIS a pourtant laissé
un nom important dans l'histoire du théâtre français. Il a écrit deux comédies
dont la verve spirituelle et le mouvement endiablé n'ont nullement vieilli; et il a
créé, avec le personnage de Figaro, un type immortel pour l'ingéniosité dont le
fameux barbier fait preuve en toute' circonstance comme pour la hardiesse des
opinions qu'il exprime: nous sommes
il faut toujours nous en souvenir
à la veille de la Révolution.

LE BARBIER DE SÉVILLE (1775)
FIGARO. — Je ne me trompe point; c'est le comte Airnaviva1.
LE COMTE. —Je crois que c'est ce coquin de Figaro.
FIGARO. — C'est lui-même, monseigneur.
LE COMTE. — Maraud! si tu dis un mot...

FIGARO.— Oui, je vous reconnais; voilà les bontés familières dont vous
m'avez toujours honoré.

LE COMTE. — Je ne te reconnaissais pas, moi. Te voilà si gros et si gras.
364


FIGARO —Que voulez-vous, monsieur, c'est là,' 'misère.

LE COMTE. — Pauvre petit! Mais que fais-tu à'Séville? je t'avais
autrefois recommandé dans leà bureaux pour un emploi.

FIGARO. — Je l'ai obtenu, monseigneur; et ma reconnaissance...

LE COMTE. — Appelle-moi Lindor. Ne vois-tu pas, à mon déguisement,
que je veux être inconnu?

FIGARO. — Je me retire.

LE COMTE. — Au contraire. J'attends ici quelque chose, et deux hommes
qui jasent sont moins suspects qu'un seul qui se promène. Ayons l'air de
jaser. Eh bien, cet emploi?

FIGARO. — Le ministre, ayant égard à la recommandation de Votre
Excellence, me fit nommer sur-le-champ garçon apothicaire.

LE COMTE. —Dans les hôpitaux de l'armée?
FIGARO. — Non; dans les haras2 d'Andalousie.
: LE COMTE, riant. — Beau début!

FIGARO. — Le poste n'était pas mauvais parce qu'ayant le district des
pansements et des drogues, je vendais souvent aux hommes de bonnes
médecines de cheval...

LE COMTE. — Qui tuaient les sujets du roi!

FIGARO. — Ah! ah! il n'y a point de remède universel; mais qui n'ont pas
laissé de guérir quelquefois des Galiciens, des Catalans, des Auvergnats4

LE COMTE. — Pourquoi donc l'as-tu quitté?

FIGARO.— Quitté? C'est bien lui-même; on m'a desservi auprès des puis-
sances. «L'envie aux doigts crochus, au teint pâle et livide...»

LE COMTE. — Oh! grâce! grâce, ami! Est-ce que tu fais aussi desvers? Je
t'ai vu là griffonnant5 sur ton genou, et chantant dès le matin.

FIGARO. — Voilà précisément la cause de mon malheur. Excellence.
Quand on a rapporté au ministre que je faisais, je puis dire assez joliment,
des bouquets à Chloris6; que j'envoyais des énigmes7 aux journaux, qu'il
courait des madrigaux8 de ma façon; en un mot, quand il a su que j'étais
imprimé tout vif9, il a pris la chose au tragique et m'a fait ôter mon emploi,


sous prétexte que l'amour des lettres est incompatible avec l'esprit des
affaires.

LE COMTE. — Puissamment raisonné! Et tu ne lui fis pas représenter...

FIGARO. — Je me crus trop heureux d'en être oublié, persuadé qu'un'
grand nous fait assez de bien quand il ne nous fait pas de mal.

LE COMTE. — Tu ne dis pas tout. Je me souviens qu'à mon service tu
étais un assez mauvais sujet.

FIGARO. —Eh! mon Dieu, monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre
soit sans défaut.

LE COMTE. — Paresseux, dérangé...

FIGARO. — Aux vertus qu'on exige dans un domestique. Votre Excel-
lence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets?
LE COMTE, riant. — Pas mal. Et tu t'es retiré en cette ville?
FIGARO. — Non, pas tout de suite.

LE COMTE, l'arrêtant. — Un moment... j'ai cru que c'était elle10... Dis
toujours, je t'entends de reste".

FIGARO. — De retour à Madrid, je voulus essayer de nouveau mes
talents littéraires; et le théâtre me parut un champ d'honneur...

LE COMTE. — Ah! miséricorde!

FIGARO. — (Pendant sa réplique, le comte regarde avec attention du
côté de la jalousien.)
En vérité, je ne sais comment je n'eus pas le plus
grand succès, car j'avais rempli le parterre des plus excellents
travailleurs13; des mains... comme des battoirs; j'avais interdit les gants, les
cannes, tout ce qui ne produit que des applaudissements sourds; et
d'honneur, avant la pièce, le café14 m'avait paru dans les meilleures
dispositions pour moi. Mais les efforts de la cabale15...

LE COMTE. — Ah! la cabale! monsieur l'auteur tombé!..

FIGARO. — Tout comme un autre: pourquoi pas? Ils m'ont sifflé; mais si
jamais je puis les rassembler...

LE COMTE. — L'ennui te vengera bien d'eux?
figaro. — Ah! comme je leur en garde16, morbleu!


LE COMTE. — Tu jures! Sais-tu qu'on n'a que vingt-quatre heures au
palais pour maudire ses juges?

FIGARO. — On a vingt-quatre ans au théâtre; la vie est trop courte pour
user un pareil ressentiment.

LE COMTE. —Ta joyeuse colère me réjouit. Mais tu ne me dis pas ce qui
t'a fait quitter Madrid.

FIGARO. — C'est mon bon ange. Excellence, puisque je suis assez
heureux pour retrouver mon ancien maître. Voyant à Madrid que la
république des lettres était celle des loups, toujours armés les uns contre
les autres, et que, livrés au mépris où ce risible acharnement les conduit,
tous les insectes, les moustiques, les cousins, les critiques, les
maringouins17, les envieux, les feuillistes, les libraires, les censeurs, et tout
ce qui s'attache à la peau des malheureux gens de lettres, achevaient de
déchiqueter et sucer le peu de substance qui leur restait; fatigué d'écrire,
ennuyé de moi, dégoûté des autres, abîmé de dettes et léger d'argent; à la
fin convaincu que l'utile revenu du rasoir est préférable aux vains honneurs
de la plume, j'ai quitté Madrid; et, mon bagage en sautoir, parcourant
philosophiquement les deux Castilles, la Manche, l'Estramadure, la Sierra-
Morena, l'Andalousie; accueilli dans une ville, emprisonné dans l'autre, et
partout supérieur aux événements; loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là;
aidant au bon temps; supportant le mauvais; me moquant des sots, bravant
les méchants; riant de ma misère et faisant la barbe à tout le monde — vous
me voyez enfin établi dans Séville, et prêt à servir de nouveau Votre
Excellence en tout ce qu'il lui plaira m'ordonner*.

LE COMTE. — Qui t'a donné une philosophie aussi gaie?
FIGARO. — L'habitude du malheur. Je me presse de rire de tout, de peur
d'être obligé d'en pleurer**.

Acte 1, sc.ïï
Примечания:

1. Граф Альмавива переоделся студентом, чтобы иметь возможность оказаться по-
ближе к Розине, в которую он влюблен. Под ее окном он сталкивается с цирюльником
Фигаро. 2. На конных заводах. 3. Сильнодействующие лекарства, а также лошадиные
дозы. 4. Ходячая французская шутка об овернцах, которые считаются людьми креп-
кими и грубыми. 5. Торопливо пишущим. 6. Клорида — одно из женских имен, упот-


реблявшихся в галантной поэзии. 7. Загадки. 8 Небольшие комплиментарные стихо.
творения. 9. Что печатался при жизни. 10. Розина, в которую он влюблен
11 D'ailleurs, du reste, впрочем 12 Жалюзи. 13 Имеются в виду клакеры, которые за
деньги поддерживали аплодисментами автора и пьес) 14. Кофейни. В ту эпоху ко-
фейня была местом, где собирались литераторы. 15. Шайки, клики, г.е тех, кго хотет
бы провалить пьесу 16. Il leur en garde de la rancune — затаил злобу 17 Разновид-
ность комаров. Здесь имеет место игра слов: Mann — королевский цензор, которого
недолюбливал Бомарше.

Вопросы:

* Relever les traits de satire sociale contenus dans ce morceau.

** En quoi le comique de Beaumarchais diffère-t-û lie celui de Molière et de celui de
Marivaux?

LA «PREMIÈRE» D'HERNANI (1830)

RlEN que la pièce d'Hernani contienne, far elle-même, des beautés estimables
encore aujourd'hui, on ne lui accorderait certainement pas une place de cette
importance dans l'histoire du théâtre français, si, lors de la première
représentation, elle n'avait donné lieu à une «bataille» aussi bruyante que
spectaculaire. En fait, elle permit aux partisans et aux ennemis du romantisme
de se départager en deux factions résolument opposées, dont le parti était pris
avant même que le drame eût été joué..
.

A relire les savoureuses relations qui nous ont été laissées de cette « première»
mémorable, on s'apercevra, en tout cas, que la nouvelle école ne manquait pas
de pittoresques défenseurs
.

Pour bien combiner leur plan stratégique et bien assurer leur ordre de
bataille, les jeunes gens' demandèrent à entrer dans la salle avant le public.
On le leur permit, à condition qu'ils seraient entrés avant qu'on ne fît
queue. On leur donna jusqu'à trois heures. C'eût été bien si on les avait
laissés monter, comme faisaient les claqueurs2, par la petite porte de
l'obscur passage maintenant supprimé. Mais le théâtre, qui apparemment ne
désirait pas les cacher, leur assigna la porte de la rue Beaujolais, qui était la
porte royale; de crainte d'arriver trop tard, les jeunes bataillons arrivèrent
trop tôt, la porte n'était pas ouverte, et dès une heure les innombrables
passants de la rue Richelieu virent s'accumuler une bande d'êtres
farouches et bizarres, barbus, chevelus, habillés de toutes les façons,


excepté à la mode, en vareuse, en manteau espagnol, en gilet à la Robes-
pierre, en toque à la Henri III, ayant tous les siècles et tous les pays sur les
épaules et sur la tête, en plein Paris, en plein midi. Les bourgeois
s'arrêtaient stupéfaits et indignés. M. Théophile Gautier surtout insultait les
yeux par un gilet de satin écarlate et par l'épaisse chevelure qui lui
descendait jusqu'aux reins.

La porte ne s'ouvrait pas; les tribus4 gênaient la circulation, ce qui leur
était fort indifférent, mais une chose faillit leur faire perdre patience. L'art
classique ne put voir tranquillement ces hordes de barbares qui allaient
envahir son asile; il ramassa toutes les balayures et toutes les ordures du
théâtre, et les jeta des combles sur les assiégeants. M. de Balzac reçut pour
sa part un trognon de chou. Le premier mouvement fut de se fâcher; c'était
peut-être ce qu'avait espéré l'art classique; le tumulte aurait amené la police
qui aurait saisi les perturbateurs, et les perturbateurs auraient été
naturellement bien lapidés. Les jeunes gens sentirent que le moindre
prétexte serait bon, et ne le donnèrent pas.

La porte s'ouvrit à trois heures et se referma. Seuls dans la salle, ils
s'organisèrent. Les places réglées, il n'était encore que trois heures et
demie; que faire jusqu'à sept? On causa, on chanta, mais la conversation et
les chants s'épuisent. Heureusement qu'on était venu trop tôt pour avoir
dîné, alors on avait apporté des cervelas, des saucissons, du jambon, du
pain, etc. On dîna donc, les banquettes servirent de tables et les mouchoirs
de serviettes. Comme on n'avait que cela à faire, on dîna si longtemps qu'on
était encore à table quand le public entra. A la vue de ce restaurant, les
locataires des loges se demandèrent s'ils rêvaient. En même temps, leur
odorat était offensé par l'ail des saucissons*.

Mme VICTOR HUGO. Victor Hugo raconté -par un témoin de sa vie.

Примечания:

1. Романтики, пришедшие поддержать пьесу Виктора Гюго 2. Клакеры, которым
платили, чтобы они аплодировали пьесе. 3 На которой тогда находился Театр-
Франсез. 4. Имеются в виду "молодые дикари", пришедшие поддержать пьесу.

Вопросы:

* Déterminez les éléments à la fois pittoresques et réalistes contenus dans cette page.
Montrez que la
bonne humeur n'en est pas exclue.


ALFRED DE MUSSET (1810-1857)

après l'échec de La Nuit vénitienne (1830), MUSSET, alors tout juste âge de
vingt ans, tourna le dos à la scène. Il n'en continua -pas moins d'écrire de;,
pièces, soit en les rassemblant sous le titre un peu désabusé de Spectacle dans
un Fauteuil (1832), soit en les publiant dans la Revue des Deux Mondes ou Le
Constitutionnel, mais sans penser, semble-t-il, qu'elles pussent être un jour
représentées. Or, par un curieux paradoxe, de tout le ttléâtre'romantique, c'est
celui de Musset qui est resté le plus vivant et qui, aujourd'hui encore, est joué
le plus volontiers
.

C'est que l'écrivain, plutôt que de prétendre réaliser d'ambitieuses formule:,,
écoutait la voix de son cœur. Un cœur déchiré, écartelé entre un pessimisme
foncier et une ironie prompte à découvrir le ridicule des choses. Dans nombre
de ses pièces, Musset s'est d'ailleurs dédoublé;sous la forme d'un héros dévoré
de tristesse, tel qu'est Fantasia, et d'un personnage de franc bon sens, tel qu'est
son ami Spark..
.

FANTASIO(1834)
SPARK. — Tu me fais l'effet d'être revenu de tout.

FANTASIO. — Ah! pour être revenu de tout, mon ami, il faut être allé
dans bien des endroits.

SPARK. — Eh bien, donc?

FANTASIO. — Eh bien, donc! où veux-tu 'que j'aille? Regarde cette
vieille ville enfumée; il n'y a pas de places, de rues, de ruelles où je n'aie
traîné ces talons usés, pas de maisons où je ne sache quelle est la fille ou la
vieille femme dont la tête stupide se dessine éternellement à la fenêtre; je
ne saurais faire un pas sans marcher sur mes pas d'hier; eh bien, mon cher
ami, cette ville n'est rien auprès de ma cervelle. Tous les recoins m'en sont
cent fois plus connus; toutes les rues, tous les trous de mon imagination
sont cent fois plus fatigués; je m'y suis promené en cent fois plus de sens,
dans cette cervelle délabrée, moi son seul habitant! Je m'y suis grisé dans
tous les cabarets; je m'y suis roulé comme un roi absolu dans un carrosse'
doré; j'y ai trotté en bon bourgeois sur une mule pacifique, et je n'ose
seulement pas y entrer comme un voleur, une lanterne sourde à la main.

SPARK. — Je ne comprends rien à ce travail perpétuel sur toi-même.
Moi, quand je fume, par exemple, ma pensée se fait fumée de tabac; quand
je bois, elle se fait vin d'Espagne ou bière de Flandre; quand je baise la


main de ma maîtresse, elle entre par le bout de ses doigts effilés pour se
répandre dans tout son être sur des courants électriques; il me faut le
parfum d'une fleur pour me distraire, et de tout ce que renferme
l'universelle nature, le plus chétif objet suffit pour me changer en abeille et
me faire voltiger ça et là avec un plaisir toujours nouveau.

FANTASIO. — Tranchons le mot2 tu es capable de pêcher à la ligne?
SPARK. — Si cela m'amuse, je suis capable de tout.
FANTASIO. — Même de prendre la lune avec les dents?
SPARK. — Cela ne m'amuserait pas.

FANTASIO. — Ah, ah! qu'en sais-tu? Prendre la lune avec les dents n'est
pas à dédaigner. Allons jouer au trente et quarante4.

SPARK. — Non, en vérité.

FANTASIO. — Pourquoi?

SPARK. — Parce que nous perdrions notre argent.

FANTASIO. — Ah! mon Dieu! qu'est-ce que tu vas imaginer là! Tu ne
sais quoi inventer pour te torturer l'esprit. Tu vois donc tout en noir,
misérable? Perdre notre argent! Tu n'as donc dans le cœur ni foi en Dieu, ni
espérance? Tu es donc un athée épouvantable, capable de me dessécher le
cœur et de me désabuser de tout, moi qui suis plein de sève et de jeunesse?

(Il se met à danser.)

SPARK. — En vérité, il y a de certains moments où je ne jurerais pas que
tu n'es pas rou*.

Acte I, se. II.

Примечания:

1. То есть пьесы, которые читают, сидя в кресле 2. Поговорим откровенно.
3. Даже на невозможное? 4. Карточная игра.

Вопросы:

* Cherchez dans la vie et l'oeuvre de Musset ce qui y rappelle Fantasio et ce qui y
rappelle
Spark.


HENRY BECQUE (1837-1899)

DES auteurs dramatiques de la fin du XIXe siècle, HENRY BECQUE, à qui l'on
doifLes Corbeaux (1882) et La Parisienne (1885) est sans doute le plus
moderne. Renonçant aux artifices (ou, comme on dit, aux «ficelles») du métier,
chers à tant de ses contemporains, il compte avant tout sur son sens de
l'observation psychologique et sur la simplicité nue de son dialogue pour
émouvoir le spectateur
.

LES CORBEAUX (1882)

La famille Vigneron vivait heureuse, quand le père, industriel aisé, est mort brusquement
Du jour au lendemain la situation a changé: les hommes d'affaires, pareils à des «corbeaux»,
se sont arraché les biens de Mme Vigneron et de ses filles. C'est alors que l'une d'elles, Marie.
se voit proposer d'épouser Teissier, l'ancien associé de son peYe, qui est vieux, mais riche, et,
par là, capable de tirer d'embarras la mère et les sœurs de la leune fille
.

BOURDON1

...Vous avez entendu, mademoiselle, ce que je viens de dire à votre
mère. Faites-moi autant de questions que vous voudrez, mais abordons,
n'est-ce pas, la seule qui soit véritablement importante, la question d'argent.
Je vous écoute.

MARIE
Non, parlez vous-même.

BOURDON
Je suis ici pour vous entendre et pour vous conseiller.

MARIE
II me serait pénible de m'appesantir là-dessus.

BOURDON, souriant.

Bah! vous désirez peut-être savoir quelle est exactement, à un sou près,
la fortune de M. Teissier?

MARIE
Je la trouve suffisante, sans la connaître.

BOURDON

Vous avez raison. Teissier est riche, très riche, plus riche, le sournois"
qu'il n'en convient lui-même. Allez donc, mademoiselle, je vous attends.


MARIE

M. Teissier vous a fait part sans doute de ses intentions?

BOURDON
Oui, mais je voudrais connaître aussi les vôtres. Il est toujours

intéressant pour nous de voir se débattre les parties3.

MARIE

N'augmentez pas mon embarras. Si ce mariage doit se faire, j'aimerais
mieux en courir la chance plutôt que de poser des conditions.

BOURDON, souriant toujours.

Vraiment! (Marie le regarde fixement.) Je ne mets pas en doute vos
scrupules, mademoiselle; quand on veut bien nous en montrer, nous
sommes tenus de les croire sincères. Teissier se doute bien cependant que
vous ne l'épouserez pas pour ses beaux yeux. Il est donc tout disposé déjà à
vous constituer un douaire4; mais ce douaire, je m'empresse de vous le dire,
ne suffirait pas. Vous faites un marché, n'est-il pas vrai, ou bien, si ce mot
vous blesse, vous faites une spéculation; elle doit porter tous ses fruits. Il
est donc juste, et c'est ce qui arrivera, que Teissier, en vous épousant, vous
reconnaisse commune en biens5, ce qui veut dire que la moitié de sa
fortune, sans rétractation6 et sans contestation possibles, vous reviendra
après sa mort. Vous n'aurez plus que des vœux à faire pour ne pas l'attendre
trop longtemps*. (Se retournant vers Mme Vigneron.) Vous avez entendu,
madame, ce que je viens de dire à votre fille?

MADAME VIGNERON
J'ai entendu.

BOURDON
Que pensez-vous?

MADAME VIGNERON

Je pense, monsieur Bourdon, si vous voulez le savoir, que plutôt que de
promettre à ma fille la fortune de M. Teissier, vous auriez mieux fait de lui
conserver celle de son père.

BOURDON

Vous ne sortez pas de là, vous, madame. (Revenant à Marie.) Eh bien!
mademoiselle, vous connaissez maintenant les avantages immenses qui
vous seraient réservés dans un avenir très prochain; je cherche ce que vous


pourriez opposer encore, je ne le trouve pas. Quelques objections de
sentiment peut-être? Je parle, n'est-ce pas, à une jeune fille raisonnable,
bien élevée, qui n'a pas de papillons7 dans la tête. Vous devez savoir que
l'amour n'existe pas; je ne l'ai jamais rencontré pour ma part. Il n'y a que
des affaires en ce monde; le mariage en est une comme toutes les autres;
celle qui se présente aujourd'hui pour vous, vous ne la retrouveriez pas une
seconde fois.

MARIE

M. Teissier, dans les conversations qu'il a eues avec vous, a-t-il parlé de
ma famille?

BOURDON
De votre famille? Non. (Bas.) Est-ce qu'elle exigerait quelque chose?

MARIE
M. Teissier doit savoir que jamais je ne consentirais à me séparer d'elle

BOURDON

Pourquoi vous en séparerait-il? Vos sœurs sont charmantes, madame
votre mère est une personne très agréable. Teissier a tout intérêt d'ailleurs
à ne pas laisser sans entourage une jeune femme qui aura bien des
moments inoccupés. Préparez-vous, mademoiselle, à ce qui me reste à vous
dire. Teissier m'a accompagné jusqu'ici; il est en bas, il attend une réponse
qui doit être cette fois définitive; vous risqueriez vous-même en la
différant. C'est donc un oui ou un non que je vous demande.

Silence.

MADAME VIGNERON

En voilà assez, monsieur Bourdon. J'ai bien voulu que vous appreniez
à ma fille les propositions qui lui étaient faites, mais si elle doit les
accepter, ça la regarde, je n'entends pas que ce soit par surprise, dans un
moment de faiblesse ou d'émotion. Au surplus, je me réserve, vous devez
bien le penser, d'avoir un entretien avec elle où je lui dirai de ces choses
qui seraient déplacées en votre présence, mais qu'une mère, seule avec son
enfant, peut et doit lui apprendre dans certains cas. Je n'ai pas, je vous
l'avoue, une fille de vingt ans, pleine de cœur et pleine de santé, pour la
donner à un vieillard.

BOURDON
A qui la donnerez-vous? On dirait, madame, à vous entendre, que vous


avez des gendres plein vos poches et que vos filles n'auront que l'embarras
du choix. Pourquoi le mariage8 de l'une d'elles, mariage qui paraissait bien
conclu, celui-là, a-t-il manqué? Faute d'argent. C'est qu'en effet, madame,
faute d'argent, les jeunes filles restent jeunes filles.

MADAME VIGNERON

Vous vous trompez. Je n'avais rien et mon mari non plus. Il m'a épousée
cependant et nous avons été très heureux.

BOURDON

Vous avez eu quatre enfants, c'est vrai. Si votre mari, madame, était
encore de ce monde, il serait pour la première fois peut-être en désaccord
avec vous. C'est avec effroi qu'il envisagerait la situation de ses filles,
situation, quoi que vous en pensiez, difficile et périlleuse. Il estimerait à
son prix la proposition de M. Teissier, imparfaite, sans doute, mais plus
qu'acceptable, rassurante pour le présent (regardant Marie), éblouissante
pour l'avenir. On ne risque rien, je le sais, en faisant parler les morts, mais
le père de mademoiselle, avec un cœur excellent comme le vôtre, avait de
plus l'expérience qui vous fait défaut. Il connaissait la vie; sa pensée
aujourd'hui serait celle-ci: j'ai vécu pour ma famille, je suis mort pour elle,
ma fille peut bien lui sacrifier quelques années.

MARIE, les larmes aux yeux.
Dites à M. Teissier que j'accepte*.

Acte IV, se. VI.

Примечания:

1. Нотариус семьи Виньерон и одновременно эмиссар Тесье. 2. Замкнутый, скрыт-
ный человек. В устах персонажа эта характеристика звучит достаточно лукаво. 3. Тя-
жущиеся стороны в судебном процессе 4. Вклад, который муж делает в пользу жены
на тот случай, если он умрет раньше ее 5 Имеется в виду брак, заключенный на ос-
нове общности имущества, когда половина его принадлежит мужу, а вторая половина
— жене 6. То есть без необходимости возвращать его по условиям брачного контрак-
та. 7. Образное выражение, соответствующее русскому "тараканы в голове". 8. Свадь-
ба Бланш не состоялась по настоянию матери жениха

Вопросы:

* Comment s'exprime, dans cette scène, le cynisme du personnagaf

** Étudiez les divers arguments employés par Bourdon pour parvenir à setfîps-


PAUL CLAUDEL (1868-1954)

il serait vain de vouloir dissocier en PAUL CLAUDEL le poète et le dramaturge.
Tous les deux expriment une même vision de l'univers: une vision catholique^
au sens total du terme, c'est-à-dire à la fois cosmique et chrétienne.
De toutes les pièces où s'exprime cette fusion de la terre et du Ciel, du visible et
de l'immatériel, il en est peu où, plus que dans Partage de Midi, brûle la haute
poésie claudélienne
.

PARTAGE DE MIDI (1905)
Amalric et Ysé, après une séparation de dix ans, se retrouvent sur le font d'un paquebot
au milieu de l'océan Indien. Tous les deux évoquent alors le passé
;.

AMALRIC

Et cependant, Ysé, Ysé, Ysé.

Cette grande matinée éclatante quand nous nous sommes rencontrés!
Ysé, ce froid dimanche éclatant, à dix heures sur la mer!

Quel vent féroce il faisait dans le grand soleil! Comme cela sifflait et
cinglait, et comme le dur mistral1 hersait2 l'eau cassée.

Toute la mer levée sur elle-même, tapante, claquante, ruante dans le
soleil, détalant dans la tempête!

C'est hier sous le clair de lune, dans le plus profond de la nuit

Qu'enfin, engagés dans le détroit de Sicile, ceux qui se réveillaient, se
v redressant, effaçant la vapeur sur le hublot1,

Avaient retrouvé l'Europe, tout enveloppée de neige, grande et grise,

Sans voix, sans figure, les accueillant dans le sommeil.

Et ce clair jour de l'Epiphanie4, nous laissions à notre droite, derrière
nous,

La Corse, toute blanche, toute radieuse, comme une mariée dans la
matinée carillonnante!

Ysé, vous reveniez d'Egypte, et, moi je ressortais du bout du monde, du
fond de la mer,

Ayant bu mon premier grand coup de la vie et ne rapportant dans ma
poche

Rien d'autre qu'un poing dur et- des doigts sachant maintenant compter.

Alors un coup de vent comme une claque

Fit sauter tous vos peignes et le tas de vos cheveux me partit dans la
figure!


Voilà la grande jeune fille

Qui se retourne en riant; elle me regarde et je la regardai.

YSÉ
Je me rappelle! vous laissiez pousser votre barbe à ce moment, elle était

roide comme une étrille"!

Comme j'étais forte et joyeuse à ce moment! comme je riais bien!

comme je me tenais bien! Et comme j'étais jolie aussi!
Et puis la vie est venue, les enfants sont venus,
Et maintenant vous voyez comme me voilà réduite et obéissante
Comme un vieux cheval blanc qui suit la main qui le tire,
Remuant ses quatre pieds l'un après l'autre*.

Acte I.

Примечания:

1. Сильный ветер, дующий на юге Франции. 2. Боронит — от сельскохозяйствен-
ного орудия "борона". 3. Иллюминатор. 4. Христианский праздник: в этот день цари-
волхвы пришли на поклонение к младенцу Христу. 5 Скребница, которой чистят ло-
шадей

Вопросы:

* Relevez et étudiez les images contenues dans ce texte. Quelle idée peuvent-elles
donner du
lyrisme claudéhea?

JEAN GIRAUDOUX (1882-1944)

Ç 'AURA été l'un des principaux mérites de JEAN GIRAUDOUX que de ressusciter
quelques-uns des grands mythes de l'Antiquité. Non point qu'il les traite à
l'imitation des classiques, pour fuir les problèmes de l'époque: au contraire, il
les repense en homme du XXe siècle et trouve dans l'actualité un des moyens
les plus sûrs pour éclairer d'un 'jour nouveau des questions éternelles.
Ainsi cette Guerre de Troie, qu'Hector et Ulysse tentent désespérément
d'empêcher: elle ressemble beaucoup moins au conflit dépeint dans l'épopée
homérique qu'à ces conflagrations absurdes qui ont embrasé notre époque
malgré tant de loyaux efforts pour les conjurer... Mais l'art de Giraudoux traite
ces graves problèmes d'une touche si légère qu'on n'en sent pas toujours le
pathétique
.

.377


LA GUERRE DE TROIE N'AURA PAS LIEU (1935)

HECTOR

Eh bien, le sort en est jeté, Ulysse! Va pour la guerre1! A mesure que j'ai
plus de haine pour elle, il me vient d'ailleurs un désir plus incoercible2 de
tuer... Partez, puisque vous me refusez votre aide...

ULYSSE

Comprenez-moi, Hector!.. Mon aide vous est acquise. Ne m'en veuillez
pas d'interpréter le sort. J'ai seulement voulu lire dans ces grandes lignes
que sont, sur l'univers, les voies des caravanes, lés chemins des navires, le
tracé des grues volantes et des races. Donnez-moi votre main. Elle aussi
a ses lignes. Mais ne cherchons pas si leur leçon est la même. Admettons
que les- trois petites rides au fond de la main d'Hector disent le contraire de
ce qu'assurent les fleuves, les vols et les sillages. Je suis curieux de nature,
et je n'ai pas peur. Je veux bien aller contre le sort. J'accepte Hélène. Je la
rendrai à Ménélas. Je possède beaucoup plus d'éloquence qu'il n'en faut
pour faire croire un mari à la vertu de sa femme. J'amènerai même Hélène
à y croire elle-même. Et je pars à l'instant, pour éviter toute surprise. Une
fois au navire, peut-être risquons-nous de déjouer la guerre.

HECTOR
Est-ce là la ruse d'Ulysse, ou sa grandeur?

ULYSSE

Je ruse en ce moment contre le destin, non contre vous. C'est un premier
essai, et j'y ai plus de mérite. Je suis sincère, Hector... Si je voulais la
guerre, je ne demanderais pas Hélène, mais une rançon qui vous est plus
chère... Je pars... Mais je ne peux me défendre de l'impression qu'il est bien
long, le chemin qui va de cette place à mon navire.

HECTOR

Ma garde vous escorte.

ULYSSE

II est long comme le parcours officiel des rois en visite quand l'attentat
menace... Où se cachent les conjurés? Heureux nous sommes, si ce n'est
pas dans le ciel même... Et le chemin d'ici à ce coin du palais est long... Et
long mon premier pas... Comment va-t-il se faire, mon premier pas, entre
tous ces périls?.. Vais-je glisser et me tuer?.. Une corniche va-t-elle
s'effondrer sur moi de cet angle? Tout est maçonnerie neuve ici, et j'attends


la pierre croulante*... Du courage... Allons-y.
(Il fait un premier pas.)

HECTOR
Merci, Ulysse.

ULYSSE
Le premier pas... Il en reste combien?

HECTOR
Quatre cent soixante.

ULYSSE
Au second! Vous savez ce qui me décide à partir, Hector...

HECTOR
Je le sais. La noblesse.

ULYSSE

Pas précisément... Andromaque a le même battement de cils que
Pénélope3.

Acte II, se. XIII.

Примечания:

1. Expression familière: d'accord, pour la guerre! — "Ну что ж, война так война" или
"Пусть будет война!". 2. Неукротимое. 3. Пенелопа — жена Улисса, двадцать лет
ждавшая его возвращения с Троянской войны..

Вопросы:

* Comment Giraudoux exprime-t-il ici l'idée que la guerre est une fatalité?

JULES ROMAINS (né en 1885)

Si le romancier des Hommes de Bonne Volonté laisse un héritage digne de
Balzac, l'auteur de Knock peut revendiquer l'honneur d'avoir créé un type aussi
vivant, aussi nécessaire que Tartuffe ou M. Jourdain: symbole à la fois de
l'esprit d'entreprise, du génie publicitaire et surtout des grands animateurs


qui, imposant aux foules une conscience collective*, les poussent où ils veulent
pour le bien
ou le mal.

KNOCK(1924)

Knock reçoit le docteur Parpalaid, à qui il a succédé comme médecin dans une pente
ville de province. Il lui indique comment il a procédé pour donner à sa clientèle une exten-
sion prodigieuse
.

KNOCK, souriant. — Regardez ceci: c'est joli, n'est-ce pas?

LE DOCTEUR. — On dirait une carte du canton1. Mais que signifient tous
ces points rouges?

KNOCK. — C'est la carte de la pénétration médicale. Chaque point rouge
indique l'emplacement d'un malade régulier. Il y a un mois, vous auriez vu
ici une énorme tache grise: la tache de Chabrières.

LE DOCTEUR. — Plaît-il2?

KNOCK. — Oui, du nom du hameau qui en formait le centre. Mon effort
des dernières semaines a porté principalement là-dessus. Aujourd'hui, la
tache n'a pas disparu, mais elle est morcelée. N'est-ce pas? On la remarque
à peine. (Silence.)

LE DOCTEUR. —... Vous êtes un homme étonnant. D'autres que moi se
retiendraient peut-être de vous le dire: ils le penseraient. Ou alors, ils ne
seraient pas des médecins. Mais me permettez-vous de me poser une
question tout haut?.. Vous allez dire que je donne dans le rigorisme. Mais
, est-ce que, dans votre méthode, l'intérêt du malade n'est pas un peu
subordonné à l'intérêt du médecin?

KNOCK. — Docteur Parpalaid, vous oubliez qu'il y a un intérêt supérieur
à ces deux-là.

LE DOCTEUR. — Lequel?

KNOCK. — Celui de la médecine. C'est le seul dont je me préoccupe.

(Silence. Parpalaid médite.)

LE DOCTEUR. — Oui, oui, oui.

(Dès ce moment, et jusqu'à la fin de la pièce, l'éclairage de la scène
prend peu à peu les caractères de la Lumière Médicale, qui, on le sait, est
plus riche en rayons verts et violets que la simple Lumière Terrestre.)

KNOCK. — Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers
d'individus neutres, indéterminés. Mon rôle, c'est de les déterminer, de les


amener à l'existence médicale. Je les mets au lit et je regarde ce qui va
pouvoir en sortir: un tuberculeux, un névropathe4, 'un artérioscléreux5 ce
qu'on voudra, mais quelqu'un, bon Dieu! quelqu'un! Rien ne m'agace
comme cet être ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien
portant**.

LE DOCTEUR. — Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au

lit!

KNOCK. — Cela se discuterait. Car j'ai connu, moi, cinq personnes delà
même famille, malades toutes à la fois, au lit toutes à la fois, et qui se
débrouillaient fort bien. Votre objection me fait penser à ces fameux
économistes qui prétendaient qu'une grande guerre moderne ne pourrait pas
durer plus de six semaines. La vérité, c'est que nous manquons tous
d'audace, que personne, pas même moi, n'osera aller jusqu'au bout et mettre
toute une population au lit, pour voir, pour voir! Mais soit! je vous
accorderai qu'il faut des gens bien portants, ne serait-ce que pour soigner
les autres, ou former, à l'arrière des malades en activité, une espèce de
réserve6 Ce que je n'aime pas, c'est que la santé prenne des airs de
provocation, car, alors, vous avouerez que c'est excessif. Nous fermons les
yeux sur un certain nombre de cas, nous laissons à un certain nombre de
gens leur masque de prospérité. Mais s'ils viennent ensuite se pavaner7
devant nous et nous faire la nique8, je me fâche. C'est arrivé ici pour M.
Raffalens.

LE DOCTEUR. — Ah! le colosse9? Celui qui se vante de porter sa belle-
mère à bras tendu?

KNOCK. — Oui. Il m'a défié près de trois mois... Mais ça y est.

LE DOCTEUR. — Quoi?

KNOCK. — II est au lit. Ses vantardises commençaient à affaiblir l'esprit
médical de la population***.

Acte III, se. VI.

Примечания:

1. Кантон — административно-территориальная единица, в состав которой входит
несколько коммун. 2. Que voulez-vous dire, s'il vous plaît? 3. Ригоризм, строгое соблю-
дение нравственных принципов или правил поведения. 4. Невропат. 5. Склеротик.
6. Резервы. 7. Держаться, как человек, танцующий павану, т.е. гордо, высокомерно.
8. Посмеиваться, насмехаться. 9. Колосс.


Вопросы:

* Jules Romains est le poète de Vunanimisme, qu'illustre son œuvre entière.

** Knoch obéit-il ici seulement à l'esprit de lucre? N'est-il pas également victime d'une
sorte de
déformation professionnelle?

*** En quoi consiste la satire contenue dans cette scène? — Montrez que Knock n'est
pas une simple tpiice sur les médecins», que le personnage auraUpuprospérer dans les
affaires, la politique, êfc.

EDOUARD BOURDET (1887 1944)

Avant d'être nommé, en 1936, administrateur de la Comédie-Française et d'y
introduire un souffle nouveau en faisant appel à des metteurs en scène comme
Dullin, Copeau, Jouvet, Pitoëff, EDOUARD BOURDET s'était signalé comme un
des plus solides auteurs dramatiques de 1'entre-deux-guerres.
S'attaquant sans réserve aux mœurs de son époque, il en a fait une satire
vigoureuse qui s'est exprimée dans une douzaine de pièces. La plus célèbre de
toutes dépeint les ravages exercés par l'argent dans la haute bourgeoisie
d'affaires, quand celle-ci, touchée par une crise économique, traverse ce que
l'auteur appelle, non sans humour, des Temps difficiles
.

LES TEMPS DIFFICILES (1934)

Milanie Laroche, veuve d'un grand industriel, se trouve brusquement ruinée pour
n'avoir pas suffisamment surveillé ses affaires depuis la mort de son mari. Elle subit les
reproches de Jérôme, son beau-frère, qu'elle a entraîné dans sa ruine
.

MÉLANIE
Je suppose qu'on ne nous laissera pas mourir de faim.

JÉRÔME
Qui: on?

MÉLANIE

Eh bien, je ne sais pas, moi: les créanciers... Quand ils verront que j'ai
donné tout ce que j'avais' et qu'il ne me reste plus rien...

JÉRÔME
Qu'est-ce que vous imaginez? Qu'ils vont vous servir une rente?

MÉLANIE
Enfin, quelque chose comme ça... non?


JÉRÔME

Ah! peut-être bien... Et puis peut-être aussi que le gouvernement ouvrira
pour vous une souscription nationale et qu'on mettra votre buste au
Panthéon2 Qui sait...

MÉLANIE

Ne vous moquez pas de moi, Jérôme! Je me rends compte que vous
n'approuvez pas ma décision, et je le regrette, mais, que voulez-vous!.. Je
me suis demandé, avant de la prendre, ce que mon mari ou l'un de ses
prédécesseurs auraient fait en pareille circonstance et je suis arrivée à la
conviction qu'ils auraient agi exactement comme je le fais.

JÉRÔME
Ah? Vous croyez?

MÉLANIE

Je le crois, oui. Et Berlin4 aussi le croit. Il m'a dit qu'un geste comme
celui-là était tout à fait dans la tradition des Laroche.

JÉRÔME
Il vous a dit ça?

MÉLANIE
Oui.

JÉRÔME
C'est monstrueux!..

MÉLANIE
Comment?

JÉRÔME, éclatant.

Monstrueux, je vous dis!.. Ils doivent s'étrangler d'indignation dans leur
tombe, les Laroche, s'ils voient ce qui se passe!.. Ils vous maudissent et ils
vous renient, tous autant qu'ils sont, du premier au dernier!..

MARCEL5, avec reproche.

Jérôme!

JÉRÔME, continuant

D'abord, vous n'êtes pas une Laroche! Vous êtes une Montaigu6, et ça se
voit! Si vous aviez dans les veines la plus petite-goutte de sang Laroche,
vous n'auriez pas fait ce que vous avez fait depuis quinze ans que, pour le


malheur des Établissements Laroche, vous aviez hérité les actions de votre
mari!

BOB7', voulant s'interposer.
M







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