Студопедия — EPISODE № 1
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EPISODE № 1






«J'ai dit "Non, y aura pas d'endroits merveilleux où aller quand j'aurai fini mes études et tout. Ouvre tes oreilles. Ce sera entièrement différent. Faudra qu'on descende par l'ascenseur avec des valises et tout. Faudra qu'on téléphone à tout le monde et qu'on dise au revoir et qu'on envoie des cartes postales des hôtels où on logera et tout. Et je travaillerai dans un bureau, je gagnerai plein de fric, j'irai au boulot en taxi ou bien en prenant le bus dans Madison Avenue, et je lirai les journaux, et je jouerai tout le temps au bridge, et j'irai au ciné voir plein de courts métrages idiots et 'Prochainement sur cet écran' et 'les Actualités'. Les Actualités. Putain. Il y a toujours une foutue course de chevaux, et une bonne femme qui casse une bouteille au-dessus d'un bateau, et un chimpanzé affublé d'un pantalon qui fait de la bicyclette. Ce sera pas du tout pareil. Tu vois ce que je veux dire";.»

 

J.D. SALINGER, L'Attrape-Cœur, 1951.

 


1.

 

Ils ne sont pas morts: ils sont sur une île. Ils respi­rent et gambadent. Marc Marronnier et Sophie sont ridicules et s'en moquent. Il faut blâmer la joie, c'est sa faute à elle. Ils vivent dans l'eau. Ils finissent par s'aimer, car à force de faire l'amour, on finit par y mêler des sentiments. Ils ont quitté le Sénégal pour une petite cabane sans télé, ni radio, ni discothèque, ni air conditionné, ni cannettes de bière, ni rien d'autre qu'eux. Ils font griller le poisson des pêcheurs du vil­lage avec du riz de coco, se pochetronnant au ti punch sous les nuages blancs. Au Sénégal, ils n'ont croisé personne sur la plage, sauf un gentil Américain. Ils vont très bien, merci, ils ont fui, ils ont gagné. Ils se marrent doucement. C'est l'Américain qui les a tués.

 

Les jeunes qui brûlent les voitures ont tout compris de la société. Ils ne les brûlent pas parce qu'ils ne peuvent pas les avoir: ils les brûlent pour ne pas les vouloir.

Qu'ils sont adorables. Marc et Sophie méritent leurs prénoms de sitcom.

 

Ghost Island, dans l'archipel des Caïmans. Com­ment ont-ils atterri là-bas? L'Américain s'appelait Mike mais son nom n'a pas d'importance, d'ailleurs c'est probablement une fausse identité. Avec son visage buriné, il ressemblait au photographe Peter Beard. Il s'est présenté comme un ancien agent du FBI à la retraite. Ils ont sympathisé avec lui sur la plage du Savana à Saly. Après quelques bringues, ils lui ont raconté leur situation: les détournements de fonds de Marc, son licenciement proche, la grossesse de Sophie, leur envie de tout plaquer. Mike leur proposa un marché: disparaître à tout jamais. Se faire passer pour morts afin de prendre la fuite. Il connaissait bien la procédure, pour l'avoir utilisée pendant des années lorsqu'il était chargé au FBI du programme de reconversion des «repentis» de la Mafia. Toute son expérience professionnelle avait consisté à cacher d'anciens criminels, à leur faire reconstruire le visage, à changer leur identité et à les envoyer dans un endroit tenu secret. Et maintenant il a trouvé un truc pour arrondir coquettement ses fins de mois: faire profiter les particuliers de son art. Il n'a posé qu'une condition: ils ne doivent jamais revenir chez eux. Pour tuer Marc et Sophie, il n'a eu besoin que d'un mini-Polaroïd, de vrais passeports US, de tout un tas de tampons officiels, et c'est ainsi que Marc et Sophie devinrent Patrick et Caroline Burnham.

 

A un moment, quand on dit trop aux gens que leur vie n'a aucun sens, ils deviennent tous complètement fous, ils courent partout en poussant des cris, ils n'arrivent pas à accepter que leur existence n'a pas de but, quand on y réfléchit c'est assez inadmissible de se dire qu'on est là pour rien, pour mourir et c'est tout, pas étonnant que tout le monde devienne cinglé sur la terre.

En quoi consiste le bonheur? C'est du sable blanc, du ciel bleu, de l'eau salée. «L'Eau, l'Air, la Vie», comme disait Perrier. Le bonheur c'est d'entrer dans une affiche Perrier, de devenir une publicité pour Paci­fic, avec la fameuse trace du pied nu sorti de la mer qui s'évapore instantanément sur le ponton brûlant. Marc et Sophie fabriquaient des pubs; aujourd'hui Patrick et Caroline en sont devenus une. Ils ont choisi de finir leur vie dans une de leurs créations, de ressem­bler à un stéréotype bronzé, à une couverture de Voici, à une campagne Maigrelette, avec la véranda de teck sur fond exotique, une annonce Club Med avec sa jolie typo et un liséré blanc tout autour.

 

2.

 

Script:

 

PATRICK EST ENCORE JEUNE ET BEAU. IL CONDUIT UN HORS-BORD SUR LA MER. LE RÔLE POURRA ÊTRE INTER­PRÉTÉ PAR MARC MARRONNIER. IL SAUTE DE SON BATEAU EN MARCHE ET NAGE VERS LA PLAGE. UNE RAVISSANTE FEMME MARCHE VERS LUI, UN BEAU BÉBÉ SOURIANT DANS LES BRAS. IL COURT VERS ELLE: MUSIQUE ÉMOUVANTE DE GABRIEL YARED. LE RÔLE DE LA FILLE POURRA ÊTRE INTERPRÉTÉ PAR SOPHIE, L'EX D'OCTAVE. ILS SE SERRENT L'UN CONTRE L'AUTRE EN LEVANT LEUR ENFANT VERS LE CIEL IMMACULÉ. A CE MOMENT-LÀ, UN HYDRAVION PASSE AU-DESSUS D'EUX. CONTRECHAMP SUR LEURS VISAGES QUI SE METTENT A OUVRIR DE GRANDS YEUX ÉTONNÉS. LE BÉBÉ ÉCLATE DE RIRE. RETOUR SUR L'AVION QUI S'AVÈRE ÊTRE UN CANADAIR ET ON COMPREND POURQUOI LEURS VISAGES SE SONT ÉCLAIRÉS: L'AVION VIRE SUR SON AILE ET LARGUE SUR EUX CINQUANTE TONNES DE CONFETTIS MULTICOLORES. LA MUSIQUE ENVAHIT L'ESPACE (MON­TER LE SON EN POST-PROD). RALENTI, TRAVELLING ARRIÈRE SUR LA PLAGE PUIS PLAN-SÉQUENCE EN PLON­GÉE A LA LOUMA. LE SPECTATEUR DOIT PLEURER TOUTES LES LARMES DE SON CORPS EN VISIONNANT CET INSTANT DE PURE BEAUTÉ: LE COUPLE UNI, LE DÉCOR PARFAIT, LE BÉBÉ INNOCENT, LA PLUIE DE CONFETTIS ROUGES, BLEUS, JAUNES, VERTS ET BLANCS. ON VOIT QU'ILS SONT SUR UNE ÎLE DÉSERTE, ENTOURÉS DE COCOTIERS ET DE SABLE BLANC.

SIGNATURE (au choix):

LE BONHEUR C'EST L'ÉCHEC DU MALHEUR.

LE BONHEUR NE REND PAS MALHEUREUX.

LE BONHEUR N' APPARTIENT PAS QU'A NESTLÉ.

ÊTRE HEUREUX C'EST MIEUX QUE RIEN, LE BONHEUR C'EST PLUS QUE BIEN.

 

3.

 

Qu'ils sont parfaits. Ils s'aiment sur une île plate et privée, dans l'archipel des Caïmans. Ghost Island ne figure sur aucune carte géographique. Les journées s'y passent à regarder le ciel et la mer et un enfant qui sourit en regardant le ciel et sa mère. Les arbres n'ont pas de marque: il n'y a pas de logo «cocotier» collé dessus. Caroline et Patrick ont trouvé une porte de sortie - écouter le silence, de préférence allongés dans un hamac.

 

- Ce n'est pas moi qui m'occupe de ma fille, dit Caroline, c'est ma fille qui s'occupe de moi.

Ils ont confiance dans ce monde parce qu'ils croient en être sortis. Les choses de ce monde sont moins fortes que la vie de ce monde. Ils savent enfin ce que c'est qu'aimer. Ils regardent leur fille, se regardent entre eux, puis recommencent, indéfiniment. Le bébé contemple les pélicans. Ils ne font rien d'autre pen­dant des heures, des jours, des semaines. De quoi attraper un sacré torticolis et tous ceux qui n'ont pas connu cela sont fortement à plaindre.

 

- Je suis parti parce que j'ai tout fait.

- Qu'est-ce que tu dis?

- Je suis parti parce que j'étouffais.

 

Quelque part sur l'eau des Caraïbes, entre Cuba et le Honduras, Dieu a saupoudré les îles Caïmans. On y atterrit en petit avion. La piste de l'aéroport de Little Cayman traverse sa seule et unique route. Le village compte 110 habitants, sans compter les iguanes. A Grand Cayman, on dénombre 600 établissements financiers avec comptes à numéros. Les Caïmans sont une colonie britannique dotée d'un gouvernement indépendant et de 35 000 entreprises off-shore inscrites à son registre du commerce. Pour accéder à Ghost Island, il faut embarquer sur un taxi-pirogue secret (Mike les a accompagnés).

 

Ils s'y sentiront bien. D'ailleurs ils sentent déjà bon: noix de coco, rhum vanille, miel, épices, air salin, Obsession de Calvin Klein, ganja et pluies en fin de journée. Odeurs des fleurs et de la sueur.

 

- Je bois ta bouche, je lèche tes dents, je suce ta langue. j'aspire tes soupirs et j'avale tes cris.

Contre un million d'euros en espèces, Mike a tout organisé: le rapatriement à Paris des cendres factices, l'e-mail d'adieu de Sophie, le virement des fonds récupérés en Suisse... Il avait l'habitude d'envoyer des clients à l'Escape Complex Castaneda, l'hôtel où il fait beau toute l'année. Un ensemble de bungalows en palissandre, filao et teck, caché au milieu d'une forêt d'hibiscus et de frangipaniers.

 

Ils sont installés dans une petite case de roseaux, une paillote sur pilotis au-dessus d'un lagon céruléen. Chaque soir, ils croisent les autres faux morts de l'île: les chanteurs Claude François (62 ans) et Elvis Presley (66 ans) écoutent le petit Kurt Cobain (34 ans) com­poser des chansons country avec Jimi Hendrix (59 ans); l'ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy (76 ans) devise avec François de Grossouvre (81 ans); l'écrivain Romain Gary (87 ans) déambule main dans la main avec son épouse Jean Seberg (63 ans); le publicitaire Philippe Michel (61 ans) joue au tennis avec Michel Berger (54 ans); Arnaud de Rosnay (55 ans) donne des cours de windsurf à Alain Colas (58 ans); John-John Kennedy (41 ans) se promène bras dessus bras dessous avec son père John Fitz­gerald Kennedy (84 ans) et l'actrice Marilyn Monroe (75 ans).

 

Tandis que la brise légère transforme les palmiers en éventails géants, Patrick et Caroline partagent une orangeade avec Serge Gainsbourg (73 ans) et Antoine Blondin (79 ans), qui vivent ensemble de l'autre côté de l'île dans une hutte en bambou et toit de palme avec Klaus Kinski (75 ans) et Charles Bukowski (81 ans). Cofondateur (avec Pablo Escobar, aujour­d'hui décédé) de l'Escape Complex qui porte son nom, l'écrivain psychédélique Carlos Castaneda (environ 61 ans) bouffe son peyotl avec Jean Eustache (63 ans), tout en consultant les plus-values boursières du capital de Ghost Island. L'île secrète est en effet autofinancée par les intérêts des capitaux versés par tous ses habitants (le ticket d'entrée étant fixé à 3 mil­lions d'US dollars). Une équipe de médecins transgé­niques et de chirurgiens bioniques se débrouille pour prolonger l'existence de tous les îliens jusqu'à environ 120 ans. Tous les habitants de Ghost sont offi­ciellement décédés aux yeux du. Monde (à trois exceptions près: Paul McCartney (le vrai) et Guy Bedos (le drôle) habitent depuis dix ans sur Ghost Island et se sont fait remplacer par des sosies dans le «monde réel», tout comme le romancier britannique Salman Rùshdie), mais ce n'est pas une raison pour se laisser aller: les interventions plastiques, greffes, liftings, implants et injections de silicone sont gratuits, comme tout le reste, d'ailleurs. C'est pourquoi Romy Schneider ne fait pas du tout ses 63 ans, quand elle discute cinoche avec Maurice Ro­net, son camarade de La Piscine, qui en a 74, ou plai­sante avec Coluche, âgé de 57 ans.

 

Il y a aussi Diana Spencer et Dodi AI-Fayed, respectivement âgés de 40 et 46 ans.

 

Ils coulent des jours paisibles dans cette maison de retraite pour milliardaires, où la télévision, le télé­phone, Internet et tout autre mode de communication externe sont rigoureusement interdits. Seuls les livres et disques numériques sont autorisés: chaque mois, les écrans plasma installés dans les bungalows sont automatiquement téléchargés avec les 10 000 princi­pales nouveautés mondiales dans le domaine litté­raire, musical et cinématographique. Des enfants prostitués des deux sexes (loués à l'année) offrent à chacun et chacune des insulaires de satisfaire la moindre de leurs envies érotiques.

 

Oui, quand on y pense deux minutes, ce qu'ils veu­lent nous faire avaler, à savoir qu'il n'y a rien d'autre et que nous sommes là par hasard, est à peu près aussi dingue que de nous fourguer un dieu barbu entouré d'anges, et le déluge, l'arche de Noé et Adam et Ève sont aussi absurdes à croire que le big bang et les dinosaures.

Patrick et Caroline boivent devant la mer turquoise. Ils avalent un jus d'ananas sous les lianes des palétuviers, au milieu des papillons grands comme la main. Toutes les drogues existantes sont déposées chaque matin sur leur paillasson dans une jolie valise Hermès. Mais ils ne les consomment pas toujours; il peut même leur arriver de rester plusieurs jours sans se défoncer, ni partouzer, ni torturer les esclaves. Ca­roline a accouché dans la clinique ultra-moderne de Ghost Island, baptisée «Hôpital Hemingway» (clin d'œil à la fausse mort de l'écrivain américain au Ke­nya, en 1954).

 

Bientôt les pays seront remplacés par des entreprises. On ne sera plus citoyen d'une nation mais on habitera des marques: on vivra en Microsoftie ou à Mcdonaldland; on sera Calvin Kleinien ou Pradais.

Ils sont habillés de lin écru. Ils sont débarrassés de la mort, donc du temps. Plus personne, dans le reste du monde, ne mise sur eux. Ils font donc l'appren­tissage de la liberté, comme Jésus-Christ quand il est sorti de son tombeau, trois jours après son supplice, et qu'il lui fallut se rendre à l'évidence: même la mort est éphémère, seul le paradis dure longtemps. Ils regardent leur fille gazouiller avec sa nounou. Elle surveille les singes du regard, et méprise les paons. Caroline est belle, donc Patrick est heureux. Patrick est heureux, donc Caroline est belle. Une éternité au rythme du ressac. Ils mangent des bichiques (grillades de poissons qui ont bon goût), des acras de morue et des langoustes à la vanille entre les balisiers rouge et or. Leurs seuls vêtements? Des chemises ouvertes sur des shorts de surf. Leur principal souci? Ne pas trop se brûler la plante des pieds sur le sable blanc. Leur préoccupation du moment? Prendre une douche pour se dessaler la peau. Leur unique angoisse? Faire at­tention en se baignant, car il existe des courants qui pourraient les emmener vers le large et les tuer pour de vrai.

 

 

4.

 

Quand ils sont entrés dans le box des accusés, le président du tribunal a dit à la salle de s'asseoir et à Charlie et Octave de se lever mais ils ont baissé la tête. Les policiers de faction leur ont ôté les menottes. On se serait cru dans une église: les codes, les rites solen­nels, les robes, il n'y a pas une grande différence entre un palais de justice et une messe à Notre-Dame. A une exception près: ils ne seraient pas pardonnés. Octave et Charlie n'étaient pas fiers mais heureux que Tamara s'en soit sortie. Le procès étant public, toute la profession était présente à la cour d'assises: les mêmes qu'à l'enterrement de Marronnier. Derrière la vitre sale de leur box, ils pouvaient les voir, et com­prendre que tout allait continuer sans eux. Ils en ont pris pour dix ans mais n'ont pas de raison de se plaindre (heureusement que la justice française a refusé de les extrader: si on les avait jugés en Amé­rique, ils auraient été grillés comme des saucisses sur un barbecue dans un film Herta).

... MICROSOFT. JUSQU'OÙ IREZ-VOUS? Je souris en voyant ça à la télé suspendue au plafond de ma cellule. C'est si loin maintenant. Ils continuent comme avant. Ils vont continuer longtemps. Ils chantent, ils rient, ils dansent aux éclats. Sans moi. Je tousse tout le temps. J'ai chopé la tuberculose. (La maladie est en pleine recrudescence, en particulier dans les milieux carcéraux.)

 

Tout est provisoire et tout s'achète, sauf Octave. Car je me suis racheté ici, dans ma prison pourrie. Ils m'ont autorisé (contre menue monnaie) à regarder la télé dans ma cellule. Gens qui mangent. Gens qui consomment des choses. Gens qui conduisent des voi­tures. Gens qui s'aiment. Gens qui se prennent en photo. Gens qui voyagent. Gens qui croient que tout est encore possible. Gens qui sont heureux mais n'en profitent pas. Gens qui sont malheureux mais ne font rien pour y remédier. Toutes ces choses que les gens inventent pour ne pas être seuls. «Les gens heureux me font chier», disait le Gros Dégueulasse de Reiser. Les gens heureux (par exemple, ce type à lunettes que j'aperçois par la fenêtre de ma taule, à un arrêt d'autobus, qui serre la main d'une douce rouquine entre les siennes sous la bruine), les «happy few», dis-je, ne me font pas chier mais pleurer de rage, de jalousie, d'admiration, d'impuissance.

 

J'imagine Sophie sous la lune, avec de la buée sur les seins, et Marc qui lui caresse l'intérieur du coude, à cet endroit si doux qu'il en devient translucide malgré le bronzage. Les étoiles se reflètent sur ses épaules moites. Un jour, quand je crèverai, j'irai les retrouver, loin, très loin, sur une île pour pisser du sperme avec mon gland sur la langue de la mère de mon enfant. Et quand le soleil se couchera à l'horizon, je le verrai. Je le vois déjà sur une reproduction d'un tableau de Gau­guin, du fond de ma cellule chlinguant la pisse. Je ne sais pas pourquoi j'ai découpé ce tableau, La Pirogue, dans un magazine, pour l'afficher au-dessus de mon plumard. Il m'obsède. Je croyais que j'avais peur de la mort alors que j'avais peur de la vie.

 

Ils veulent me séparer de ma fille. Ils ont tout fait pour que je ne voie pas tes yeux si grands. Entre deux quintes de toux, j'ai tout le temps de les imaginer. Deux grands ronds noirs qui découvrent la vie. Les sadiques, ils diffusent à la télé la pub Évian avec les bébés qui se prennent pour Esther Williams. Ils nagent synchronisés sur «Bye-Bye Baby». Ils tuent mes pou­mons flétris. Deux yeux pétillants au milieu d'une tête rose. Ils m'empêchent d'en profiter. Sa bouche entre les joues rondes. Minuscules mains agrippées à mon menton qui tremble. Sentir son cou au lait. Fourrer mon nez dans ses oreilles. Ils ne m'ont pas laissé essuyer ton caca. Ils ne m'ont pas laissé sécher tes larmes. Ils ne m'ont pas laissé te souhaiter la bien­venue. En se tuant, elle t'a assassinée.

 

Ils m'ont privé de ma fille qui dort recroquevillée et se griffe les joues, respire vite puis bâille un peu et se met à respirer plus lentement, ses mini-coudes et genoux miniatures repliés sous elle, mon bébé aux longs cils recourbés de vamp, à la bouche grenat et au visage pâle, lolita dont on voit les vaisseaux sanguins à travers les tempes et les paupières, ils m'ont empê­ché de connaître son rire qui éclate quand on lui cha­touille le nez, ses oreilles nacrées comme des coquil­lages, ils m'ont défendu de savoir que Chloë m'attendait à l'autre bout du rouleau. Et si c'était elle que je cherchais en courant après toutes ces filles? Cette nuque duveteuse, ces yeux noirs perçants, ces sourcils dessinés, ces traits délicats, je les ai tant aimés chez les autres filles parce qu'ils m'annonçaient la mienne. Si j'aimais tant le cachemire c'était pour m'habituer à ta peau. Si je sortais tous les soirs c'était pour m'habituer à tes horaires.

 

Eh! Et si en réalité ce n'était pas moi qui étais en prison, mais mon sosie clochard à la place, le SDF de ma rue, si c'était lui qui croupissait dans cette cellule merdique, tandis que moi je serais parti, vous m'entendez, PARTI. J'aurais échangé ma place contre la sienne et il pourrait s'estimer heureux: logé et nourri tandis que moi je serais libre à l'autre qout du monde. Tout le monde en sortirait gagnant. Mais je perds la boule. J'ai les poumons détruits.

 

J'ai fini mon livre qui coûte 99 francs. C'est con, je venais de trouver la meilleure signature pour Mai­grelette: «NE SOYEZ PAS BEAU ET CON A LA FOIS.» Il suffisait de racheter les droits audio de la chanson de Jacques Brel et de sampler le passage où il beugle «BEAU ET CON A LA FOIIIIIS». En le collant après la voix off, cela donnait: «MAIGRELETTE. NE SOYEZ PAS... BEAU ET CON A LA FOIIIIIS.» On aurait vraiment cartonné. Quel gâchis.

 

Avec ses barreaux, l'unique fenêtre de ma cellule ressemble à un code-barre.

 

A la télé ils retransmettent le concert des Enfoirés: Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, Zazie et les autres reprennent en chœur «Emmène-moi au bout de la terre/Emmène-moi au pays des merveilles/Il me semble que la misère/serait moins pénible au soleil».

 

Et tous ces assassins qui crient toute la journée à l'étage, qui gémissent, qui geignent, ils finissent par me saper le moral à la fin. Z'avaient qu'à y réfléchir à deux fois avant de zigouiller des gens. Charlie on l'a retrouvé hier baignant dans une mare de sang, il s'était ouvert les poignets avec une boîte de sardines Saupiquet. Ce fou s'est débrouillé pour filmer son geste avec une webcam clandestine et retransmettre la scène sur le Net en direct live. L'essentiel c'est qu'ils n'ont pas retrouvé Tamara, je suis content qu'elle s'en soit tirée, ils auront tout bousillé sauf ça.

 

Et moi sur le mur de ma cellule VIP (je suis tout seul, j'ai la télé et des bouquins, ça peut aller, même si ça pue la pisse et si je crache mes poumons), j'ai scot­ché La Pirogue de Gauguin, tableau qui date de 1898: Il fait partie de la collection de Sergueï Chtchoukine exposée à l'Ermitage de Leningrad. Je tousse devant cette image toute la journée: un homme, sa femme, leur enfant, calmement alanguis autour de leur pirogue, sur une plage polynésienne.

 

Dans l'une des dernières lettres de sa vie, Gauguin a écrit: «Je suis un sauvage.»

 

Il me suffit de penser que je ne suis pas en prison mais délivré du monde. Les moines aussi vivent dans des cellules.

 

Je regarde La Pirogue, cette scène idyllique, ce couple et leur petit bébé, et à l'arrière-plan Gauguin a peint un coucher de soleil rouge vif, on dirait un champignon atomique, et je nage vers eux, je saute dans la pirogue, je yais les rejoindre sur leur île, ils vont m'aimer, je crawle vers la plage, je croise les poissons-lunes, les raies manta caressent mes paumes, je vais les retrouver, nous ferons l'amour tous ensemble, Tamara avec Sophie, Duler avec Marron­nier, je vais tout surmonter, ils ont échappé à la so­ciété, nous formerons une famille nouvelle, on baisera à quatre, et je mangerai les pieds de Chloë, si petite qu'elle tient dans une seule main, tu verras, je vais les rejoindre dans l'île fantôme, vous le croyez, ça, oui, c'est clair que j'ai pété les plombs, et je nage sous la mer, je bois la tasse, je me sens si bien, et le coucher de soleil de Gauguin ressemble vraiment à une explosion nucléaire.

 

 

5.

 

Sur Ghost Island, quelques mois ont passé. Ils en ont marre d'être morts. Il leur semble que la misère est bien plus pénible au soleil. Ils souffrent de bien-­nutrition. Ils végètent au milieu des végétaux. Quand ils sont en forme, ils vont se mêler aux grappes humaines: River Phoenix se fait sucer par Caroline pendant que Patrick sodomise Ayrton Senna; tout ce petit monde se baise, s'encule, taille des pipes, lèche du sperme, s'astique le clitoris, pompe des bites, éja­cule sur des visages, s'attache la chatte, se fouette les seins, se pisse dessus, se gouine et se branle dans la joie et la décontraction.

 

Mais au bout d'un certain temps, on en a marre des plans à dix-sept. Alors on perfectionne son tennis, on fait de la pêche sous-marine au large de l'atoll, un tour de Riva dans la baie, du ping-pong sous un parasol géant, des parties de pétanque en string, des batailles de Dom Pérignon, et même, tenez, pas plus tard que ce soir, Caroline a repassé elle-même les tee-shirts de Patrick, et il était tout ému qu'elle réclame une planche à repasser au lieu de sonner les femmes de chambre, il ne pensait pas être aussi touché, connaître à nouveau toute cette simplicité. Souvent, ils se relaxent aussi dans des caissons d'isolation sen­sorielle, ou sur des matelas à eau bouillonnante, entre deux massages aromathérapiques et séances de shiatsu.

Pas d'alternative au monde actuel.

 

L'azur, l'azur, l'azur, l'azur, ils ont une overdose d'azur, une indigestion de paradis, allongés sur leurs transats ou leurs fauteuils en rotin genre Emmanuelle qui grattent les fesses, au bord d'une piscine où barbottent Mona, Tania et Lola, les nymphettes rémunérées dont trois éphèbes glabres se partagent mollement les orifices rasés. Ils sont ventripotents. Ils se sont trop goinfrés, leur ventre pend au-dessus de leur bermuda qui se tient à carreaux. La bidoche trahit les profiteurs. Regarde-les, ces imbéciles heu­reux que leur lâcheté a rendu alcooliques: une épaisse couche de gras recouvre leurs traits satisfaits. Ils dan­sent la lambada en toute impunité. Ils ont fui les hommes, moins importants pour eux que les fleurs et les rivières qui se déversent dans la mer. Ils écoutent du reggae californien. Ils sont repus de truffes et de caviar. Gros comme leur bébé. Caroline pouponne, Patrick jardine, bébé babille. Le bonheur donne la gueule de bois.

 

En 1998, chaque ménage français a dépensé en moyenne 640 francs par semaine pour son alimenta­tion. Coca-Cola vend un million de cannettes par heure dans le monde. Il y a vingt millions de sans-em­ploi en Europe.

Ils voudraient des journaux, des télés, de l'agita­tion: ils n'ont que la torpeur tiède des jours qui se ressemblent.

 

Barbie vend deux poupées par seconde sur terre. 2,8 milliards d'habitants de la planète vivent avec moins de deux dollars par jour. 70 % des habitants de la planète n'a pas le téléphone et 50 % pas l'électricité. Le budget mondial des dépenses militaires dépasse 4000 milliards de dollars, soit deux fois le montant de la dette extérieure des pays en voie de développement

Caroline commence à trouver horrible d'élever sa fille dans cette secte blasée.

- Elle ne pourra jamais partir d'ici? Elle a besoin de pollution, de bruits, de pots d'échappement!

Patrick déprime dans la bambouseraie. Même le clapotis des vagues ne berce plus personne. Les heures glissent sur eux. Ils se saoulent de cocktails multico­lores, ils ont tout le temps mal au crâne. Le vent salé donne la migraine. La mer miroitante se répète. L'océan gâtifie.

 

La fortune personnelle de Bill Gates équivaut au PIB du Portugal. Celle de Claudia Schiffer est estimée à plus de 200 millions de francs. 250 millions d'enfants dans le monde travaillent pour quelques centimes de l'heure.

Revenir, là-bas revenir! Je sens que les oiseaux ont la migraine... Patrick a des idées d'affiches, des concepts plein la tête, et ça défile, ça défile, il se sou­vient. POUR LES MECS QUI AIMENT LES MECS QUI AIMENT LES PUTES QUI AIMENT LA COKE QUI AIME LE FRIC.

 

Pas d'alternative au monde actuel.

Ils se marient, divorcent, se remarient, font des en­fants, ne s'en occupent pas, mais élèvent ceux des autres, et d'autres élèvent les leurs. Tous les jours, les 200 plus grandes fortunes du monde grossissent de 500 dollars par seconde. L'aube est un coucher de soleil en auto-reverse. Le crépuscule une aurore rembobinée. Dans les deux cas, c'est rouge, et dure trop longtemps. On estime que 25 % de toutes les espèces animales pourraient être rayées de la surface du globe avant 2025. A la fin des contes de fées, on lit toujours la même formule: «Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.» Point final. On ne nous dit jamais ce qui se passe après: le prince charmant n'est pas le père de ses enfants, il se met à picoler, puis quitte la princesse pour une femme plus jeune, la princesse fait quinze ans d'analyse, ses enfants se dro­guent, l'aîné se suicide, le cadet se prostitue dans les jardins du Trocadéro.

 

Patrick et Caroline passent leurs journées à attendre le soir, et leurs nuits à attendre le matin. Bientôt, quand ils feront l'amour, ce ne sera plus pour le plaisir mais pour avoir la paix pendant huit jours. Toutes ces criques cristallines, ces lagons cernés par une barrière de corail, ne servent qu'à les enfermer dans du bleu. Leur cabane en pierre de corail et bois de mangrove est surtout clôturée d'eau. Cette île est un château hanté. Des journées entières à effeuiller les marguerites: «je t'aime, plus du tout, plus beaucoup, pas tellement, pas tant que ça, moins qu'hier, plus que demain.» La fin du monde aura lieu dans cinq milliards d'années, et quand le soleil éclatera, la Terre sera brûlée comme une pomme de pin par un lance-­flammes. Le soleil filtre à travers les feuilles de palmes séchées. Le soleil est un compte à rebours jaune. Le chiffre d'affaires de General Motors (168 milliards de dollars) équivaut au PIB du Danemark. La lune en plein jour, les pieds dans l'eau, le clapotis tiède, la brise écœurante, l'odeur des bougainvillées, des bouquets de jacarandas, c'est à gerber de fleurs puantes comme un Stick-Up d'Airwick.

 

 

6.

 

Mais vient un jour où le ciel se couvre; et voici que Patrick se laisse entraîner par un courant qui le porte; et il regarde la côte s'éloigner; au loin, sur la plage, Caroline l'appelle mais il ne peut lui répondre car il a la bouche pleine d'eau salée; il fait la planche, em­mené au large dans la mer de plus en plus sombre, d'un bleu de plus en plus profond; se laisser porter; devenir un morceau de bois; une bouteille à la mer qui ne contient aucun message; et au-dessus de lui il y a les oiseaux et en dessous de lui il y a les poissons; il croise les requins de sable, les dorades, les dauphins; les raies manta caressent ses paumes; et dans le cer­veau de Patrick c'est la débandade; il nage sous la mer; il boit la tasse; il se sent si bien; «et dès lors je me suis baigné dans le Poème de la Mer» (Rimbaud); de toute façon je suis déjà mort et enterré; dispersez-­moi entre deux eaux; soudain il se met à pleuvoir une douche brûlante qui pique mon visage; et le soleil rou­git; ne plus passer entre les gouttes de verre pilé; ne plus conjuguer les verbes; je tu il nous vous ils; deve­nir infinitif; comme dans un mode d'emploi ou une recette de cuisine; sombrer; traverser le miroir; enfin se reposer; faire partie des éléments; des ocres propres aux rayons pourpres; rien n'existait avant le big bang et rien ne subsistera après l'explosion du soleil; le ciel vire au rouge sang; boire des larmes de rosée; le sel de tes yeux; leur bleu rigoureux; tomber; faire partie de la mer; devenir l'éternité; une minute sans respirer, puis deux, puis trois; une heure sans respirer, puis deux, puis trois; dans cinq milliards d'années, c'est la mer allée avec le soleil; une nuit sans respirer, puis deux, puis trois; rejoindre la paix; «tu es plus beau que la nuit, réponds-moi, océan, veux-tu être mon frère?» (Lautréamont); flotter comme un nénuphar à la surface; surfer sur du creux; rester immobile; les poumons gorgés d'eau; âme aquatique; partir pour de bon; cinq milliards d'années avant: rien; cinq milliards d'années après: rien; l'homme est un accident dans le vide intersidéral; pour arrêter de mourir il suffit d'arrêter de vivre; perdre le contact; devenir un sous-marin nucléaire caché au fond des océans; ne plus rien peser; crawler entre les anges et les sirènes; nager dans le ciel; voler dans la mer; tout est consommé; au commencement était le Verbe; on dit qu'au moment de mourir on voit sa vie défiler mais Patrick, lui, revoit autre chose CARTE NOIRE UN CAFÉ NOMMÉ DÉSIR J'EN AI RÊVÉ SONY L'A FAIT GAP TOUT LE MONDE, EN CUIR SNCF LE PROGRÈS NE VAUT QUE S'IL EST PARTAGÉ PAR TOUS FRANCE TELECOM BIENVENUE DANS LA VIE.COM EDF NOUS VOUS DEVONS BIEN PLUS QUE LA LUMIÈRE RENAULT SCÉNIC A NE PAS CONFONDRE AVEC UNE VOITURE ROCHE BOBOIS LA VRAIE VIE COMMENCE A L'INTÉRIEUR NISSAN MADE lN QUALITÉ SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CONJUGUONS NOS TALENTS SFR LE MONDE SANS FIL CRÉDIT LYONNAIS NOUS VOUS DEVIONS UNE NOUVELLE BANQUE VOUS N'IMAGINEZ PAS TOUT CE QUE CITROËN PEUT FAIRE POUR VOUS CARREFOUR PARCE QU'ON SE CONSTRUIT CHAQUE JOUR NESTLÉ C'EST FORT EN CHOCOLAT BNP PARLONS D'AVENIR NOKIA CONNECTING PEOPLE NIVEA LA PLUS BELLE FAÇON D'ÊTRE MOI ADECCO ÇA NE CHANGE PAS LE MONDE MAIS ÇA Y CONTRIBUE L'ORÉAL PARCE QUE JE LE VAUX BIEN AUTANT D'ATOUTS C'EST UNE DAEWOO CHARLES GERVAIS IL EST ODIEUX MAIS C'EST DIVIN SELF TRADE ET SI LA BOURSE PROFIT AIT A TOUS ON DEVRAIT TOUS S'OFFRIR UNE CLIOTHÉRAPIE MENNEN POUR NOUS LES HOMMES ERICSSON COMMU­NIQUEZ L'ÉMOTION LA POSTE ON A TOUS A Y GAGNER MONO PRIX DANS VILLE IL Y A VIE TROIS SUISSES C'EST UNE CHANCE D'ÊTRE UNE FEMME LE BÂTON DE BERGER Y A PAS D'HEURE POUR EN MANGER WILLIAMS QUAND ON TIENT A SA PEAU MOBALPA ON EST LÀ POUR ÇA NOU­VELLE POLO VOUS AUREZ PEUT-ÊTRE DU MAL A LA RECONNAÎTRE SEGA C'EST PLUS FORT QUE TOI VOUS ENTREZ SUR LES TERRES DU CLAN CAMPBELL L'ABUS D'ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ A CONSOM­MER AVEC MODÉRATION GILLETTE LA PERFECTION AU MASCULIN DU LEERDAMMER OU JE FAIS UN MALHEUR BELLE DE MINUIT DE NINA RICCI LA NUIT TOMBE LES GARÇONS AUSSI MICHELIN LES PLUS BELLES PERFOR­MANCES SONT CELLES QUI DURENT VISA PREMIER IL N'Y A PAS QUE L'ARGENT DANS LA VIE PENDANT QU'ON REGARDE CANAL + AU MOINS ON N'EST PAS DEVANT LA TÉLÉ ON DEVRAIT TOUJOURS COMPARER SA VOITURE A UNE 306 LE PARISIEN IL VAUT MIEUX L'AVOIR EN JOURNAL GALERIES LAFAYETTE LA PLANÈTE DÉSIR ENTRE DANS VOTRE VIE GAZ DE FRANCE ICI LÀ-BAS POUR VOUS POUR DEMAIN LIBERTY SURF ACCÉDEZ LIBREMENT AUX RICHESSES DE DEMAIN CAROLL IL FAIT BEAU TOUS LES JOURS ENJOY COCA-COLA FRAÎCHEUR DE VIVRE HOLLY­WOOD CHEWING-GUM WORLD ON LINE FREEDOM OF MOVEMENT UNITED COLORS OF BENETTON BARILLA ON EST TOUS UN PEU ITALIEN QUELQUE PART RATP UN BOUT DE CHEMIN ENSEMBLE TÉLÉ 2 POURQUOI CONTINUER A TÉLÉPHONER TROP CHER OENOBIOL TOUT MON CORPS RÊVE D'UNE PEAU PLUS JEUNE IBM SOLUTIONS POUR UNE PETITE PLANÈTE CLUB MED ÊTRE-RE PEUGEOT 206 ON PEUT ENCORE ÊTRE ÉMU A NOTRE ÉPOQUE ADIDAS VOUS REND MEILLEUR TROPICANA EN VOUS LA VIE S'ÉVEILLE HERMÈS AN 2000 PREMIERS PAS DANS LE SIÈCLE YOPLAIT C'EST TELLEMENT MEILLEUR QUAND C'EST BON AIR FRANCE FAIRE DU CIEL LE PLUS BEL ENDROIT DE LA TERRE GIVENCHY UN PEU PLUS LOIN QUE L'INFINI RHÔNE POULENC BIENVENUE DANS UN MONDE MEILLEUR

 

BIENVENUE DANS UN MONDE MEILLEUR

 

Paris, 1997-2000.

Ce roman est en cours de modélisation informatique.

Il constituera bientôt un programme de réalité virtuelle

disponible sur CD-Rom compatible PC & iMac.

Vous pourrez alors le vivre.

La bande originale de 99 Francs est disponible sur le site www. aprilfish. fr

 

Tamara était habillée par Stella McCartney pour Chloé.

 

Remerciements à Manuel Carcassonne, Jean-Paul Entho­ven, Gabriel Gaultier, Thierry Gounaud, Michel Houelle­becq, Pamela Le Moult, Pascal Manry, Vincent Ravalee, Sté­phane Richard, Delphine Vallette.

Ce livre est aussi de leur faute.

 

 

EPISODE № 1

Avant de regarder l’épisode lisez les mots et expressions inconnus et essayez de les retenir.

 

stagiaire (m/f) — стажёр
aller chercher qn à l’aéroport поехать встречать кого-то в аэропорту
montrer la photo — показать фотографию
hôtesse (f) de l’air — стюардесса
autocar (m) — междугородный автобус
présenter qn à qn — познакомить кого-то с кем-то
se présenter — представиться
enсhanté de faire votre connaissance — очень приятно с вами познакомиться

 

 

Un peu de grammaire

 

Répétez la conjugaison des verbes reconnaître (узнать кого-то, что-то) et se connaître (знать другдруга, быть знакомыми).

Сes verbes se conjuguent comme le verbe connaître.

 

aExemples: Elle n’a pas reconnu la maison où elle avait habité.
  Ils se sont connus à Londres. A l’œuvre on connaît l'ouvrier (proverbe).

Complétez les phrases avec les verbes savoir ou connaître.

1. … -vous ce qui s’est passé hier?

2. Elle … Françoise?

3. Mes amis … bien Paris.

4. Je ne … pas tous vos collègues.

5. Nous … que demain c’est l’anniversaire de Julie.

6. Vous vous …?

7. Tu ne … jamais rien.

8. Elles ne … pas comment marche cet appareil.

 

Vérifiez votre compréhension







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